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PAGE 91. — * Emprisonnement pour dette.

Dans le plus grand nombre des États américains, l’emprisonnement est autorisé par la loi pour des dettes minimes. Quelques-uns l’ont récemment aboli, tels que New-York et Ohio ; d’autres, par exemple le Maryland, ont fixé un minimum assez élevé au-dessus duquel le débiteur ne pourrait être contraint par corps. Mais dans les États même où cette modification a eu lieu, on continue d’appliquer l’emprisonnement aux dettes les plus frivoles. Je me rappelle avoir vu dans la maison d’arrêt (County Jail) de Baltimore plusieurs détenus que leurs créanciers avaient fait mettre en prison pour des sommes de 10 et 20 cents (10 ou 20 sous). À la vérité, la loi leur donne le droit de se faire libérer, en faisant prononcer par les tribunaux leur insolvabilité ; mais pour entreprendre une pareille procédure, il faudrait de l’argent ; et comment celui qui, faute de 10 sous, est entré en prison, trouvera-t-il une somme beaucoup plus forte pour en sortir ? La loi nouvelle du Maryland défend de condamner à l’emprisonnement pour une dette moindre de 20 dollars (106 fr.). Afin d’éluder la loi, les juges condamnent le débiteur, non pour dettes, mais pour dommages et intérêts : c’est une misérable subtilité. Ce qui, du reste, dans l’emprisonnement pour dettes, tel qu’il existe aux États-Unis, surprend plus encore que la modicité de la somme pour laquelle on l’applique, c’est qu’on le prononce avant le jugement du procès. Je disais un jour à un Américain : Comment concevoir l’emprisonnement pour une dette qui peut-être n’existe pas ? Il faudrait au moins que l’obligation du débiteur fût d’abord constatée ; car il dépend de celui qui se prétend créancier de supposer une créance, et d’en demander le paiement à un débiteur imaginaire. — Il faut bien, me répondit l’Américain, choisir entre deux inconvénients ; sans doute il est fâcheux de mettre en prison un homme qui ne doit rien ; mais n’est-il pas plus triste encore de voir un homme privé de ce qui lui est légitimement dû par la disparition furtive de son débiteur ? ]

PAGE 96. — * Guerre des Géorgiens aux Cherokis.

Les Géorgiens ayant fait mille tentatives pour s’emparer des terres des Cherokis, ceux-ci réclamèrent l’intervention du pouvoir fédéral. Le gouvernement des États-Unis leur prêta d’abord son appui, et s’efforça de les maintenir dans les limites tracées par les traités ; mais comme les contestations se renouvelaient