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le jury. Dans cet état de choses, rien ne protège le commerce américain contre la fraude et la mauvaise foi. Tout le monde peut faire le commerce sans tenir aucun livre ni registre. Il n’existe aucune distinction légale entre le commerçant qui n’est que malheureux et le banqueroutier imprudent, dissipateur et frauduleux. Les commerçants sont en tout soumis au droit commun.

De ce que les Américains sont indulgents pour la banqueroute, il ne s’ensuit pas qu’ils l’approuvent : « l’intérêt est le grand vice des Musulmans, et la libéralité est cependant la vertu qu’ils estiment davantage[1]. » De même ces marchands, qui violent sans cesse leurs engagements, vantent et honorent la bonne foi.

Lorsque je dis que les Américains, indulgents pour une bonqueroute, sont sans pitié pour une mésalliance, je n’entends parler que des mésalliances résultant de l’union des blancs avec des personnes de couleur.

PAGE 67. * Il meurt moitié plus d’affranchis que d’esclaves. »

Ce fait est constant. Ainsi, durant les années 1828, 1829 et 1830, il est mort à Baltimore un nègre libre sur vingt-huit nègres libres, et un esclave sur quarante-cinq nègres esclaves[2].

PAGE 79. — * « Mœurs des femmes en France… »

C’est une opinion fort répandue aux États-Unis que les mœurs sont encore, en France, ce qu’elles étaient dans le XVIIIe siècle : un grand nombre croient que le vice y est toujours à la mode, et que le temps s’y passe en galanteries, en intrigues de salons et en frivolités. Cette opinion des Américains est due surtout à l’influence de quelques romanciers anglais fort lus aux États-Unis, et qui, ne connaissant eux-mêmes la France que par les livres, sont en retard d’un demi-siècle. C’est ainsi qu’un écrivain anglais très-distingué, l’auteur de Pelham, mettant en scène deux Français de nos jours, les fait parler comme avant la révolution ; ils ne se disent pas un mot sans s’appeler : « Cher baron, cher marquis. »

PAGE 89. — * Les catholiques sont aussi soumis au Saint-Père à deux mille lieues de Rome que dans Rome même.

  1. Châteaubriand, Itinéraire t. II, P. 38.
  2. V. Emerson,statistic, p. 28, Reports of the health office of Baltimore.