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séduise une jeune fille de la classe moyenne, son aventure fait peu de scandale : et le grand monde où il vit lui pardonne aisément le dommage qu’il a causé dans des rangs inférieurs. Il n’en peut être ainsi dans une société où les conditions sont égales et où les rangs ne sont point marqués.

PAGE 34. — *, ** et ***

  • Ne jamais parler des choses qu’il ne savait pas.

V. la note de la page 115, relative à la sociabilité des Américains.

    • Il détestait les Anglais.

Dire que les Américains haïssent les Anglais, c’est rendre imparfaitement leurs sentiments. Les habitants des États-Unis furent soumis à la domination anglaise, et au souvenir de leur indépendance conquise se mêle celui des guerres dont elle a été le prix. Ces luttes rappellent des temps d’une inimitié profonde contre les Anglais.

La civilisation avancée de l’Angleterre inspire aussi des sentiments de jalousie très-prononcés à tous les Américains. Cependant, lorsque la pensée d’une rivalité sort un instant de leur esprit, on les voit fiers de descendre d’une nation aussi grande que l’Angleterre ; et l’on retrouve dans leur âme ce sentiment de piété filiale qui rattache les colonies à la mère-patrie, long-temps après qu’elles sont devenues libres.

Le souvenir des anciennes querelles s’efface chaque jour ; mais la jalousie s’accroît. La prospérité matérielle des États-Unis a pris un essor merveilleux, que l’Angleterre regarde d’un œil inquiet : et l’Amérique ne peut se dissimuler, malgré la rapidité de ses progrès, qu’elle est encore inférieure à l’Angleterre. Ce sentiment des deux peuples n’a rien que de légitime dans son principe ; mais l’orgueil national, que la presse de Londres comme celle de New-York excite à l’envi, vient envenimer cette disposition.

Les journaux anglais sont pleins de mépris pour les États-Unis qu’ils représentent comme un pays entièrement sauvage. « Comparez donc, dit un magazine anglais publié à Londres, la moralité de l’Angleterre et de l’Amérique, comme si aucun parallèle pouvait s’établir entre un pays surchargé de population, où six millions d’individus sont de race commerçante et manufacturière, et dans lequel les yeux sont assaillis d’objets qui invitent au larcin ; et l’Amérique où il n’y a rien à voler, si ce n’est