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république démocratique, la société semble disparaître toute entière ; son lien est comme brisé ; l’individualité reparaît de toutes parts ; ainsi arrive-t-il aux peuples nomades du Nord. Lorsqu’on se reporte aux récits que William Smith, Lahontan et Charlevoix nous ont faits des Iroquois, des Hurons et de tous les hommes parlant la langue algonquine, on découvre qu’à l’époque où ces auteurs écrivaient, dans chaque tribu sauvage, un certain nombre d’hommes choisis et le corps des vieillards exerçaient un puissant contrôle sur toutes les actions des indigènes, et fournissaient à la faiblesse individuelle l’appui tutélaire de la société. Les traces de cette espèce de gouvernement sont à peine reconnaissables de nos jours.

Cette influence, qui atteste un reste de mœurs chez les peuples barbares, s’est presque entièrement évanouie. Dans les conseils nationaux, c’est la force et non la raison qui fait la loi : les conseils de l’expérience y sont méprisés, et la jeunesse y domine. « De nos jours, disent MM. Clark et Cass, on peut affirmer qu’il n’existe point de gouvernement parmi les tribus du Nord et de l’Ouest. La coutume et l’opinion y maintiennent seules une sorte d’état de société barbare. Autrefois les vieillards ou chefs civils possédaient une autorité réelle ; mais il y a long-temps qu’il n’en est plus ainsi : à peine trouve-t-on des traces de ce même ordre de choses. Lorsque les Indiens s’assemblent pour délibérer sur les affaires communes, ils forment des démocraties pures, dans lesquelles chacun réclame un droit égal à opiner et à voter ; en général cependant ces délibérations sont conduites par les anciens ; mais les jeunes gens et les guerriers exercent le véritable contrôle. On ne peut avec sûreté adopter aucune mesure sans leur concours. Dans un pareil état de société où les passions gouvernent, le tomahawk mettrait bientôt un terme à toute tentative qui aurait pour objet de diriger ou de contraindre l’opinion publique. L’expérience, ajoutent les mêmes auteurs, nous a donc fait connaître l’utilité de faire signer les traités à tous les jeunes guerriers présents. Il faut, avant tout, s’assurer le consentement de la majorité des Indiens. » (Voy. Rapports au congrès.)

Il n’est pas rare cependant que, parmi les tribus sauvages