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Aujourd’hui on ne retrouve plus la trace de ces sauvages ; ils sont perdus jusqu’au dernier.

Les Français de la Louisiane ont entièrement détruit la grande nation des Natchez.

En 1831, traversant les cantons de l’État de New-York qui avoisinent le lac Ontario, je rencontrai quelques Indiens déguenillés qui, courant le long de la route, demandaient l’aumône aux voyageurs. Je voulus savoir à quelle race appartenaient ces sauvages ; on me répondit que j’avais sous les yeux les derniers des Iroquois.

Le pays que je parcourais alors était en effet la patrie des Six-Nations : on retrouvait à chaque pas les vestiges des anciens maîtres du sol, mais eux-mêmes avaient disparu.

Il est facile d’indiquer en peu de mots les causes diverses auxquelles on doit attribuer cette grande destruction des nations sauvages.

« Ce furent les Anglais, dit Beverley, p. 310, qui apprirent aux sauvages à faire cas des peaux et à les échanger. Avant cette époque, ils estimaient les fourrures pour l’usage. » Beverley dit autre part, p. 230, qu’à l’époque où il écrivait (1700), les sauvages de la Virginie se servaient déjà de la plupart des étoffes d’Europe pour se couvrir pendant l’hiver. « Nous sommes déjà bien loin, disaient MM. Cass et Clark en 1829, dans un rapport officiel, p. 23 (documents législatifs, no 117), du temps où les Indiens pouvaient pourvoir à leur nourriture et à leurs vêtements, sans recourir à l’industrie des hommes civilisés. » Lawson, Beverley, Dupratz, Lahontan et Charlevoix s’accordent à dire que, dès le principe des colonies, il s’est fait un immense commerce, d’eau-de-vie avec les Indiens.

Quiconque méditera sur le petit nombre des faits que je viens d’exposer, y trouvera les causes de ruine que nous cherchons. Avant l’arrivée des Européens, le sauvage se procure par lui-même tous les objets dont il a besoin ; il n’estime la peau des bêtes que comme fourrure ; ses bois lui suffisent ; il y trouve ce qui est nécessaire à son existence ; il ne désire rien au-delà, il y vit dans une sorte d’abondance, et s’y multiplie.

À partir de l’arrivée des blancs, l’Indien contracte des goûts nouveaux. Il apprend à couvrir sa nudité avec les étoffes