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même degré l’esprit de conquête et l’éloquence guerrière. Tous les auteurs que j’ai déjà cités parlent avec admiration de cette éloquence sauvage : « Les Iroquois, dit William Smith, p. 87, estiment beaucoup l’éloquence et en font leur principale étude. Rien ne leur plaît tant que la méthode et ne les choque plus qu’un discours irrégulier, parce qu’on a de la peine à s’en ressouvenir. Ils s’énoncent en peu de mots et font un grand usage des métaphores. » « Je ne crois point, dit Charlevoix, vol. I, page 361, que ceux qui ont vu de près ces barbares m’accusent de leur avoir supposé dans leurs discours une élévation, un pathétique et une énergie qu’ils n’ont point… On rencontre encore souvent de nos jours, chez les Indiens, des traces de cette éloquence naturelle et sauvage qui caractérisait leurs pères. » On trouve dans l’ouvrage de M. Schoolcraft, page 245, le récit suivant : « Lorsqu’en 1811 un conseil d’Indiens et d’Américains se tint à Vincennes, dans Indiana (sur le Wabash), Tecumseh, fameux chef indien, après avoir prononcé un discours plein de feu, ne trouva auprès de lui aucun siège pour s’asseoir. Le général Harrison, qui représentait dans le conseil les États-Unis, s’apercevant de cette circonstance, s’empressa de lui faire porter une chaise en l’invitant à s’asseoir. — Votre père, lui dit l’interprète, vous prie de prendre cette chaise. — Mon père ! répliqua le fier Indien ; le soleil est mon père ; ma mère, c’est la terre, et c’est sur son sein que je me reposerai. — En prononçant ces mots, il s’assit par terre à la manière des Indiens. »

Avec tous ces avantages, il ne faut pas s’étonner de la prépondérance qu’exercèrent long-temps les Iroquois sur toutes les peuplades qui les environnaient. Ils formaient une république toujours en armes comme Sparte et Rome, dont la guerre était le seul plaisir et le seul soin ; qui sacrifiait chaque année, sur les champs de bataille, une partie de sa population, se recrutant sans cesse parmi les prisonniers qu’elle faisait et qu’elle adoptait. Luttant perpétuellement avec toutes les nations sauvages que la fortune avait placées sur leurs frontières, les iroquois ne cessèrent, jusqu’à l’arrivée des Européens, de s’étendre en détruisant tout autour d’eux.

Je viens de peindre l’état politique et social dans lequel se