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New-York ayant dit, dans un discours aux iroquois, qu’il représentait leur prince légitime, leur orateur répondit : Ononthio (le Français) est mon père ; Corlar (Anglais) est mon frère, et cela parce que je l’ai bien voulu : ni l’un ni l’autre n’est mon maître ; celui qui a fait le monde m’a donné la terre que j’occupe ; je suis libre. J’ai du respect pour tous deux ; mais nul n’a le droit de me commander. (Charlevoix, vol. II, page 317.)

La même année, les Français ayant voulu empêcher les Iroquois de trafiquer avec les Anglais, les Indiens répondirent par l’organe de leur orateur : Nous sommes nés libres ; nous ne dépendons ni d’Ononthio ni de Corlar ; nous pouvons aller où bon nous semble, mener avec nous qui nous voulons, acheter et vendre ce qu’il nous plaît. Si vos alliés sont vos esclaves, traitez-les comme tels. (William Smith, page 170.)

Vivant au milieu d’un loisir aristocratique ou livré aux travaux mêlés de gloire qu’exigent la chasse et la guerre, le sauvage conçoit une idée superbe de lui-même ; mais il ne montra jamais d’orgueil plus intraitable que ces Indiens demi-nus sous leur cabane d’écorce et dans la misère de leurs bois. « En 1682, le gouverneur-général du Canada ayant voulu traiter de la paix avec les Iroquois, dit Charlevoix, volume II, page 281, ceux-ci lui firent dire qu’ils exigeaient qu’il vînt en faire lui-même la négociation dans leur pays. »

L’amour de la vengeance est un vice qui semble inhérent à la nature sauvage ; mais les Iroquois portèrent cette passion à des excès jusque-là inconnus dans l’histoire des hommes.

Presque toutes les nations indiennes de l’Amérique du Nord avaient l’habitude de brûler leurs prisonniers de guerre ; mais les Indiens dont je parle poussèrent en ces occasions la barbarie jusqu’à des raffinements que l’imagination peut à peine concevoir.

En l’année 1689, les Iroquois, ayant appris que les Français s’étaient emparés de leurs ambassadeurs, et en avaient tué par trahison plusieurs, se rendirent, au nombre de douze cents dans l’île de Mont-Réal, et s’y livrèrent à des cruautés effroyables : ils ouvrirent le sein des femmes enceintes pour