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deux hérauts s’avancent, et, lorsqu’ils sont à portée de se faire entendre, ils jettent un cri dont la modulation annonce que la nouvelle est bonne ou mauvaise : dans le premier cas, le village s’assemble et l’on prépare un festin aux conquérants, lesquels arrivent sur ces entrefaites : ils sont précédés d’un homme qui porte, au bout d’une longue perche, un arc sur lequel sont étendus les crânes des ennemis qu’ils ont tués. Les parents des vainqueurs, leurs femmes, leurs enfants, les entourent et leur témoignent toutes sortes de respects. Les compliments finis, un des guerriers fait le récit de ce qui s’est passé : tous l’écoutent avec la plus grande attention, et ce récit est terminé par une danse sauvage. »

« Une troupe d’Iroquois descendait le Mississipi pour aller faire la guerre à l’un des peuples qui habitent le long des rives de ce fleuve, dit Lahontan, page 168, volume 1er ; une troupe de Nadouessi qui remontait le même fleuve pour aller à la chasse rencontra ces Iroquois près d’une petite île qui a été nommée depuis, à cause de l’événement, l’lle-aux-Rencontres. Les deux peuples ne s’étaient jamais vus. Qui êtes-vous ? crièrent les Iroquois. — Nadouessi, répondirent les autres. — Où allez-vous ? repartirent les Iroquois. — À la chasse aux bœufs, dirent les Nadouessi : mais, vous, quel est voire but ? — Nous, nous allons à la chasse des hommes, répondirent fièrement les Iroquois. — Eh bien ! reprirent les Nadouessi, nous sommes des hommes, n’allez pas plus loin. Sur ce défi les deux partis débarquèrent chacun d’un côté de l’île et donnèrent tête baissée l’un dans l’autre. »

Tous les peuples chasseurs puisent dans leurs habitudes de chaque jour un goût prononcé pour l’indépendance ; mais les Européens n’ont jamais rencontré dans le Nouveau-Monde un amour plus fier pour la liberté que n’en témoignèrent ces sauvages.

« Les Iroquois, dit Lahontan, page 31, volume I, se moquent des menaces de nos rois et de nos gouverneurs, ne connaissent en aucune manière le terme de dépendance : ils ne peuvent même pas supporter ce terrible mot. Ils se regardent comme des souverains qui ne relèvent d’autre maître que de Dieu seul, qu’ils nomment le Grand-Esprit. »

— En 1684, un envoyé du gouverneur de la province de