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Au milieu de toutes les superstitions que pratiquaient ces sauvages, il est facile de reconnaître un certain nombre d’idées simples et vraies, qui se trouvaient chez les différentes peuplades du continent. Les Indiens reconnaissaient un Etre suprême, immatériel, qu’ils appelaient le Grand-Esprit ; ils le croyaient tout puissant, éternel, créateur de toutes choses, auteur de tout bien. À côté de ce Dieu, ils plaçaient un pouvoir malfaisant auquel une partie de la destinée des hommes était abandonnée, et ils lui adressaient des prières, qu’inspirait la peur et non l’amour.

« Il existe dans les cieux, disaient les Indiens de la Virginie à Beverley (p. 272), un Dieu bienfaisant, dont les bénignes influences se répandent sur la terre. Son excellence est inconcevable ; il possède tout le bonheur possible : sa durée est éternelle, ses perfections sans bornes ; il jouit d’une tranquillité et d’une indolence éternelles. Je leur demandai alors, ajoute Beverley, pourquoi ils adoraient le diable, au lieu de s’adresser à ce Dieu. Ils répondirent qu’à la vérité Dieu était le dispensateur de tous les biens, mais qu’il les répandait indifféremment sur tous les hommes ; que Dieu ne s’embarrasse point d’eux, et ne se met point en peine de ce qu’ils ont, mais qu’il les abandonne à leur libre arbitre, et leur permet de se procurer le plus qu’ils peuvent des biens qui découlent de sa libéralité ; qu’il était par conséquent inutile de le craindre et de l’adorer ; au lieu que, s’ils n’apaisaient pas le méchant esprit, il leur enlèverait tous ces biens que Dieu leur avait donnés, et leur enverrait la guerre, la peste, la famine ; car ce méchant esprit est toujours occupé des affaires des hommes. »

Les mêmes notions confuses se trouvent plus ou moins chez tous les peuples du continent. Tous ces sauvages reconnaissaient l’immortalité de l’âme ; tous admettaient le dogme social des peines et des récompenses dans l’autre monde ; mais, chez aucun de ces peuples, l’imagination n’était allée au-delà d’un paradis et d’un enfer tout matériels.

« Les Indiens, dit Lawson, page 180, croient que les hommes vertueux iront, après la mort, dans le pays des esprits ; que là ils n’éprouveront ni faim, ni froid, ni fatigue ; qu’ils auront toujours à leur disposition de jeunes et belles