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degrés, l’esprit humain les parcourt, poussé quelquefois par les plus nobles passions ; tantôt précipité dans l’erreur par l’amour du vrai, tantôt dans la folie par les conseils de la raison.

Ce serait un spectacle plein d’enseignements philosophiques que le tableau de tous ces égarements et de toutes ces infirmités de l’intelligence humaine, qui s’agite incessamment dans un cercle où elle ne trouve jamais le point d’arrêt qu’elle cherche. On ne verrait pas sans étonnement et sans pitié se dérouler les anneaux de la longue chaîne qui lie les unes aux autres toutes ces aberrations.

Quoiqu’il n’entre point dans mon plan de faire cette peinture, je ne puis m’empêcher de présenter ici les traits principaux d’une secte protestante, dont les doctrines m’ont paru les plus bizarres, pour ne pas dire les plus absurdes. Ces observations ne sortiront point de mon sujet ; car on conçoit aisément l’influence qu’ont les principes et les doctrines d’une secte sur ses rapports avec les autres congrégations.

Il existe aux États-Unis une communion de protestants appelés quakers shakers, c’est-à-dire trembleurs. Cette secte, fondée dans le siècle dernier par une femme nommée Anne Lee, se compose moitié d’hommes, moitié de femmes, vivant ensemble sous le même toit, on ne sait trop pour quelle raison, car les uns et les autres ont fait vœu de célibat.

Leur association est établie sur le principe de la communauté des biens : chacun travaille dans l’intérêt de tous. Les hommes cultivent des terres appartenant à l’établissement, et dont les produits font vivre les membres de la société ; les femmes se livrent aux soins que leur sexe comporte.

Ceux qui n’ont rien mis dans la communauté en retirent le même avantage que les sociétaires dont l’apport a été le plus considérable. Du reste, l’association semble profiter à tous. Chacun retire d’elle un grand bien-être matériel, la vie commune étant beaucoup moins chère que la vie individuelle.

Voici maintenant quelle est leur doctrine religieuse,

« L’examen attentif des livres saints prouve, disent-ils, que la venue d’un second Messie a été annoncée, et que ce second Messie a dû paraître dans l’année 1761. Ce Messie,