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L’esclave américain n’a jamais de pareils offices à rendre ; il quitte rarement le sol, et son maître a des mœurs pures. Le nègre est stupide ; il est plus abruti que l’esclave romain, mais il est moins dépravé.

§ III.

Peut-on abolir l’esclavage des noirs aux États-Unis ?

On ne saurait parler de l’esclavage sans reconnaître en même temps que son institution chez un peuple est tout à la fois une tache et un malheur.

La plaie existe aux États-Unis, mais on ne saurait l’imputer aux Américains de nos jours, qui l’ont reçue de leurs aïeux. Déjà même une partie de l’Union est parvenue à s’affranchir de ce fléau. Tous les États de la Nouvelle-Angleterre, New-York, la Pensylvanie, n’ont plus d’esclaves.[1] Maintenant l’abolition de l’esclavage pourra-t-elle s’opérer dans le Sud, de même qu’elle a eu lieu dans le Nord ?

Avant d’entrer dans l’examen de cette grande question commençons par reconnaître qu’il existe aux États-Unis une tendance générale de l’opinion vers l’affranchissement de la race noire.

Plusieurs causes morales concourent pour produire cet effet.

D’abord, les croyances religieuses qui, aux États-Unis sont universellement répandues.

Plusieurs sectes y montrent un zèle ardent pour la cause de la liberté humaine ; ces efforts des hommes religieux sont continus et infatigables, et leur influence, presque inaperçue, se fait cependant sentir. À ce sujet, on se demande si l’esclavage peut avoir une très-longue durée au sein d’une société de chrétiens. Le christianisme, c’est l’égalité morale de l’homme. Ce principe admis, il est aussi difficile de ne pas arriver à l’égalité sociale, qu’il paraît impossible, l’égalité sociale existant, de n’être pas conduit à l’égalité politique. Les législateurs de la Caroline du Sud sentirent bien toute la portée

  1. V. table statistique à la suite de la note.