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prononce une amende de cent livres sterling contre le maître qui apprend à écrire à ses esclaves ; la peine n’est pas plus grave quand il les tue.[1] Ainsi la perfectibilité, la plus noble des facultés humaines, est attaquée dans l’esclave, qui se trouve ainsi placé dans l’impuissance d’accomplir envers lui-même le devoir imposé à tout être intelligent de tendre sans cesse vers la perfection morale.

La loi s’efforce de dégrader l’esclave ; cependant un instinct de dignité lui fait haïr la servitude ; un instinct plus noble encore lui fait aimer la liberté. On l’a enchaîné ; mais il brise ses fers, le voilà libre !… c’est-à-dire en état de rébellion ouverte contre la société et les lois qui l’ont fait esclave.

Tous les États américains du Sud sont d’accord pour mettre hors la loi le nègre fugitif. La loi de la Caroline du Sud dit que toute personne peut le saisir, l’appréhender, et le fouetter sur-le-champ.[2] Celle de la Louisiane porte textuellement qu’il est permis de tirer sur les esclaves marrons qui ne s’arrêtent pas quand ils sont poursuivis.[3] Le code du Tennessee déclare que le meurtre de l’esclave sommé légalement de se représenter est une chose légitime (it is lawful)[4] ; cette loi ajoute que l’esclave, dans une telle position, peut être tué impunément par toute personne quelconque,

  1. And wheras the having of slaves taught te write, or suffering them to be employed in writing, may be attended with great inconveniences ; be it inacted, that all and every person and persons whatsoever, who shall hereafter teach or cause any slave or slaves to be taught te write, every such person shall, for every offense, forfeit the sum of one hundred pounds current money. (V. Brevard’s Digest, t. II, vº Slaves, § 53.) And if any person shall, on a sudden heat and passion, or by undue correction kill his own slave or the slave of any other person, he shall forfeit the sum of three hundred and fifty pounds current money. And in case any person or persons shall wilfully cut out the tongue, put out the eye, castrate, or cruelly scald, burn or deprive any slave of any limb or member, or shall inflict any other cruel punishment, other than by whipping, or beating with a horsewhip, cowskin, switch, or small stick, or by puting irons on, or confining or imprisoning such slave ; every such person shall for every such offence forfeit the sum of one hundred pounds current money. (V. ibid., § 45.)
  2. V. Brevard’s Digest, t. II, vº Slaves, § 12, p. 231.
  3. V. Digeste des lois de la Louisiane, Code noir, t. I, § 35.
  4. V. Lois du Tennessee 1831, t. I, p. 321.