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L’EMEUTE.

« Ainsi s’évanouissait mon rêve d’illustration littéraire et l’avenir que j’y rattachais ! Tout autre moyen de renommée m’était interdit. Si les États-Unis eussent été engagés dans quelque guerre, j’eusse tenté d’entrer dans les rangs de l’armée américaine ; mais en temps de paix il n’y a point de gloire militaire. Les soldats de ce pays se réduisent à quelques milliers d’hommes cantonnés sur les frontières des États de l’Ouest, où leur seule mission est de tenir en respect des hordes d’Indiens sauvages. *

[Note de l’auteur. * Réf. ]

Comme j’étais tombé dans l’accablement profond qui succède au dernier rayon éteint de la dernière espérance, je reçus une lettre de Nelson qui m’annonçait son départ de Baltimore et sa prochaine arrivée à New-York avec Marie ; il n’entrait dans aucun détail. « Vous saurez, me disait-il, la cause de cette retraite et le nouveau coup qui vient de nous frapper. » Il ne me disait rien de Georges.

Après un jour d’attente et de tourments, je vis arriver Nelson et Marie. La douleur se montrait grave et sévère sur le front du père, expansive et tendre dans les yeux de la jeune fille.

Mon inquiétude comprima les premiers élans de mon amour.

« Quels sont donc, m’écriai-je, les nouveaux malheurs dont je vous vois accablés ? »

Après quelques instants d’un morne silence, Nelson me dit : « Une semaine s’est écoulée depuis qu’à Baltimore s’est faite l’élection d’un membre du congrès. Georges et moi, nous nous y sommes rendus selon notre coutume… Je suis habitué à voir les intrigues s’agiter en pareille occasion, mais je trouvai les passions politiques dans un état d’exaltation que je n’avais pas vu jusqu’alors.