Page:Beaumont - Marie ou l’esclavage aux États-Unis, éd. Gosselin, 1840.djvu/138

Cette page n’a pas encore été corrigée

dans de certaines limites leur industrie qui, de sa nature, est sans borne comme la pensée dont elle émane.

XXIX.

« L’industrie des idées étant la dernière de toutes, il s’ensuit que, pour écrire, il faut n’avoir rien de mieux à faire. Quiconque se sent du génie se fait marchand ; les incapacités se réfugient dans le petit métier des lettres. On laisse volontiers aux femmes le soin de faire des vers et des livres, c’est une frivolité qu’on abandonne à leur sexe ; on leur permet de perdre le temps en écrivant.

« Vous trouverez dans toutes les villes d’Amérique un assez grand nombre de femmes savantes. Quelques-unes ont acquis par leurs ouvrages une réputation méritée * ; mais la plupart sont froides et pédantes. Rien n’est moins poétique que ces muses d’outre-mer ; ne les cherchez point dans la profondeur des sauvages solitudes, parmi les torrents et les cataractes, ou sur le sommet des monts : non, vous les verrez marchant dans la boue des villes, des socques aux pieds et des lunettes au visage.

[Note de l’auteur. * Réf. ]

XXXI.

« Quoiqu’il y ait peu d’auteurs en Amérique, dans aucun pays du monde on n’imprime autant. Chaque comté a son journal ; les journaux sont, à vrai dire, toute la littérature du pays. ** Il faut à des gens affairés, et dont la fortune est médiocre, une lecture qui se fasse vite et ne coûte pas cher. Il se fait d’ailleurs pour l’éducation primaire et pour la religion une énorme consommation de livres !… C’est plutôt de la librairie que de la littérature. L’instruction donnée aux enfants est purement utile ; elle n’a point en vue le développement des hautes facultés de l’âme et de l’esprit : elle forme des hommes propres aux affaires de la vie sociale.

[Note de l’auteur. ** Réf. ]

XXXII.

« La littérature américaine ignore entièrement ce bon goût,