Page:Beaumont - Marie ou l’esclavage aux États-Unis, éd. Gosselin, 1840.djvu/132

Cette page n’a pas encore été corrigée


X.

Il est de poétiques ignorances : au temps où le Dante s’immortalisait par un livre, apparut Guesclin qui rien savait des lettres. * Quand le connétable s’obligeait, il ne signait point, faute de le savoir ; mais il engageait son honneur, qui était tenu pour bon.

« Cette grossière ignorance ne se rencontre point aux États-Unis, dont les habitants, au nombre de douze millions, savent tous lire, écrire et compter.

[Note de l’auteur. * Réf. ]

XI.

« En Amérique, il manque aux caractères, pour être brillants, un théâtre et des spectateurs. Si les pays d’aristocratie sont féconds en personnages éclatants et poétiques, c’est que la classe supérieure fournit les acteurs et le théâtre : la pièce se joue devant le peuple, qui fait le parterre et ne voit la scène qu’à distance.

« L’aristocratie romaine jouait son rôle devant le monde ; Louis XIV, devant l’Europe. Que si les rangs se mêlent, les individus, vus de près, se rapetissent ; il y a encore des acteurs, mais plus de personnages ; une arène, mais plus de théâtre.

[Note de l’auteur. ** Réf. ]

XII.

« Toutes les sociétés renferment dans leur sein des vanités puériles, des orgueils énormes, des ambitions, des intrigues, des rivalités… mais ces passions s’élèvent ou descendent, sont grandes ou misérables, selon la condition et le génie des peuples. Turenne était presque aussi fier de sa naissance que de sa gloire ; Ninon était galante ; le grand Bossuet était jaloux de Fénelon…

« Les Américains convoitent l’argent, sont orgueilleux d’argent, jaloux d’argent… Et si quelque marchande de New-York se livre à des galanteries, qu’importe son nom au monde ? quel reflet ses amours répondront-ils sur l’avenir ?