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« La seconde est le christianisme : le temps d’Augustin et d’Athanase, de saint Louis et de Guesclin, de Pascal et de Bossuet : époque morale, règne de l’âme.

« La troisième commence au siècle de Voltaire et d’Helvétius, de Condillac et de Smith, de Bentham et de Fulton : époque utile, règne de l’intelligence.

« Au premier âge, les plaisirs ; au second, les sentiments au troisième, les intérêts.

II.

« La société païenne dut ses joies à l’éclat de ses amphithéâtres, aux chants divins de ses poètes, aux chefs-d’œuvre de ses artistes, à ses fêtes triomphales, à ses débauches brillantes, à son luxe de dieux et d’esclaves.

« Le monde chrétien, grave et solennel comme les édifices religieux du moyen-âge, trouva ses voluptés dans la méditation, le recueillement, les sacrifices et les austérités de la vie.

« Aujourd’hui, la société n’a ni cirques ni cloîtres, ni gladiateurs ni anachorètes ; elle a des manufactures. Indifférente au charme des sensations et de l’enthousiasme, elle n’aspire qu’au bien-être matériel.

III.

« Les divinités païennes s’adressaient aux passions, non pour les combattre, mais pour les enhardir. Elles offraient à l’esprit de séduisantes images et aux sens des plaisirs sans remords.

« Le Christ est venu, qui a dit à l’homme : « Les grandeurs de la terre sont misérables ; car le pauvre est l’égal du riche. Toutes les passions sont stériles : la charité seule féconde les âmes. Le bonheur n’est point dans les richesses, dans la gloire, dans les voluptés : on le mérite ici-bas par la vertu, et l’on n’en jouit que dans le ciel. »

« De nos jours, les théories qui gouvernent l’homme le laissent sur la terre : tout est mis en œuvre pour offrir à son corps un séjour doux et commode.