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en jugement. Cela étant, la justice n’avait plus rien à faire. Le ministère public, n’est point aux États-Unis comme en France, ardent à s’établir le redresseur de tous les torts et le vengeur de toutes les injures privées. Chez nous, on suit la loi ; en Amérique, l’opinion.

Je regardai comme un bonheur inespéré d’avoir échappé aux embarras que pouvait nous susciter la violence de Georges. Celui-ci donna peu d’attention à l’heureuse issue de mes démarches ; il ne remarqua les bons procédés des magistrats que pour s’en affliger, car rien n’est aussi amer que le bienfait au cœur d’un ennemi. Quelques jours après, il me quitta pour retourner à Baltimore. Je ne parvins point à pénétrer le motif qui l’avait amené à New-York. Hélas ! j’eusse multiplié mes questions et mes conseils, si j’eusse deviné l’objet de ce voyage et prévu les malheurs qui devaient suivre.



SUITE DE L’EPREUVE.

3.

EPISODE D’ONEDA.

Le départ de Georges me fit retomber dans l’abattement et le dégoût de la vie : un ami qui nous quitte pendant les jours d’infortune, c’est un étai qui fait défaut à notre faiblesse ; c’est le rayon de lumière, seule joie du sombre cachot, qui se retire et laisse le captif dans l’horreur des ténèbres.

Le terme de mon épreuve approchait ; encore deux mois et je reverrais la fille de Nelson. Mais combien l’état de mon âme était changé depuis mon départ de Baltimore !

L’amour de Marie était encore le grand intérêt de ma vie ;