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même de penser que vous êtes camard, quoiqu’à dire la vérité, il y ait assez d’étoffe dans ce nez pour en faire trois raisonnables. Désir qui avait soupé, s’impatienta tellement des discours sans fin que la fée faisait sur son nez, qu’il se jeta sur son cheval, et sortit. Il continua son voyage, et par-tout où il passait, il croyait que tout le monde était fou, parce que tout le monde parlait de son nez ; mais malgré cela, on l’avait si bien accoutumé à s’entendre dire que son nez était beau, qu’il ne put jamais convenir avec lui-même qu’il fût trop long. La vieille fée, qui voulait lui rendre service, s’avisa, malgré lui, d’enfermer Mignone dans un palais de cristal, et mit ce palais sur le chemin du prince. Désir, transporté de joie, s’efforça de le casser ; mais il n’en put venir à bout : désespéré, il voulut s’approcher pour parler du moins à la princesse qui de son côté, approchait aussi sa main de la glace. Il voulait baiser cette main ; mais, de quelque côté