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ce tems-là, savez-vous bien que j’étais fort jolie alors ? Il me disait… Il faut que je vous conte une conversation que nous eûmes ensemble, la dernière fois qu’il me vit. Hé, madame, dit Désir, je vous écouterai avec bien du plaisir, quand j’aurai soupé : pensez, s’il vous plaît, que je n’ai pas mangé d’aujourd’hui. Le pauvre garçon, dit la fée ; il a raison, je n’y pensais pas. Je vais donc vous donner à souper ; et, pendant que vous mangerez, je vous dirai mon histoire en quatre paroles, car je n’aime pas les longs discours. Une langue trop longue est encore plus insupportable qu’un grand nez ; et je me souviens, quand j’étais jeune, qu’on m’admirait, parce que je n’étais pas une grande parleuse, on le disait à la reine ma mère ; car telle que vous me voyez, je suis la fille d’un grand roi. Mon père… Votre père mangeait quand il avait faim, lui dit le prince, en l’interrompant. Oui, sans doute, lui dit la fée, et vous souperez aussi tout-à-l’heure : je voulais vous