Page:Beaumarchais - Œuvres complètes, Laplace, 1876.djvu/795

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’Éditeur, que je m’enveloppe dans le mien, et ne me signe ici que

l’Amateur français.

INSCRIPTIONS

QUE BEAUMARCHAIS aVAiT PLACÉES DANS DIFFÉRENTS ENDROITS DE SON JARDIN.

AU FOND D'UN BOSQUET.

Adieu, passé, songe rapide
Qu’anéantit chaque matin !
Adieu, longue ivresse homicide
Des Amours et de leur festin,
Quel que soit l’aveugle qui guide
Ce monde, vieillard enfantin !
Adieu, grands mots remplis de vide,
Hasard, Providence ou Destin !
Fatigué dans ma course aride
De gravir contre l’incertain,
Désabusé comme Candide,
Et plus tolérant que Martin,
Cet asile est ma Propontide ;
J’y cultive en paix mon jardin.

AU BAS DE LA STATUE DE L’AMOUR.

Ô toi qui mets le trouble en plus d’une famille, Je te demande, Amour, le bonheur de ma fille.

SUR UN MARBRE À L’ENTRÉE DU JARDIN.

Joue, enfant, ne fais aucun tort ; Souviens-toi que le premier homme Ne prit d’un jardin qu’une pomme, Et qu’elle lui causa la mort.

AU BAS DES STATUES DE PLATON ET DE L’ESCLAVE CIMBALENO.

L’homme en sa dignité se maintient libre, il pense : L’esclave dégradé ne pense point, il danse.

CHANSONS ROMANCE.

Comme j’aimais mon ingrate maîtresse, Quoiqu’elle fût sans amour ni pitié ; Quoiqu’elle crût trop payer ma tendresse, En m’accablant de sa froide amitié !

Je lui disais : Cette beauté si rare, Pour mon tourment, tu la reçus des dieux ; Et je mourrai, si ton cœur ne répare Les maux cruels que m’ont faits tes beaux yeux.

Donne au plaisir le printemps de ta vie : Un âge vient où l’on se sent vieillir ; La fleur d’amour alors peut faire envie, Les sens glacés ne peuvent la cueillir.

Je vois d’amants une troupe légère Lui prodiguer son encens et ses vœux ; C’est vainement, la cruelle aime à faire Mille rivaux, et pas un seul heureux.

Elle soutient qu’Amour est un délire, Fils du Désir et de la Vanité. L’ingrate ainsi veut renverser l’empire Qui seul élève un trône à sa beauté !

J’allais mourir ; mais la jeune Silvin < iflï c -i mon cœur jouissance el beauté. Pardonne, Amour ! mou retour à la vie Sera le prix d’une iulidélité.

Quoi ! je la fuis, et je soupire encore ; Pour l’oublier mes soins sont superflus : A ma douleur je sens que je l’adore, Mémo en jurant que je ne l’aime plus.

RONDE DE TABLE, OU COUPLETS POUR LA FÊTE DE MADAME LA MARQUISE DE SAILLY, OUI PORTE LE J’ILI NOM DE FLORE. Loin d’ici tout atrabilaire ! Ce jour ne peul que leur déplaire : fin vrai bonheur il a le sceau ; Rien u'esl >i beau ! Amis ’le Flore, c’esl sa fête : De fleurs couronnons noire tète, Et chaulons tous à l’unisson : Rien n’est si bon ! Pour fêter Flore, la Nature, Malgré l’hiver et sa froidure, Semble faire un effort nouveau, Rien n’est si beau ! Voyez, au déclin de’ l’automne, l’ai lui les doux fruits (le Pomone Les Meurs de la belle saison ; bien n’est si bon ! Si Flore n’est pas au bréviaire, C’esl tant pis pour le légendaire ; Flore aurait orne sou tableau : Dieu n’est si beau ! Mais de la déesse brillante l’ai- qui le printemps nous enchante, H est doux de porter le nom : Dieu n’est si bon ! A MADAME DE SAILLY. Flore, tes deux filles charmantes Sont les Meurs les plu- attraj intes Dont l’Amour t’ai ! l’ait le cadeau : Rien n’est si beau ! Vois, depuis qu’elles sont écloses, Comme une abeille autour des roses,