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eaux par les différents procédés chimiques connus, et on leur a trouvé toutes les bonnes qualités de celle de la Seine, dont on connaît généralement la salubrité. Les réactifs ont démontré, dans toutes les trois, la petite quantité de sélénite et de terre calcaire qui y sont toujours contenues ; elles ont également bien dissous le savon et cuit les légumes : la noix de galle et les liqueurs prussiennes n’y ont point indiqué un atome de fer ; et leur saveur n’avait rien de l’impression que laisse ce métal, en quelque petite quantité qu’il soit. L’évaporation a confirmé l’analyse par les réactifs ; la distillation à l’appareil pneumatochimique a fait connaître que l'eau des réservoirs contenait un peu plus d’air que celle de la Seine puisée vis-à-vis de la pompe.

Les mêmes expériences ont été faites sur l’eau prise dans un des canaux de distribution de Paris les plus éloignés de la pompe, et elles ont présenté absolument les mêmes résultats.

La Société croit donc devoir annoncer au public que l’eau fournie par la machine à feu de MM. Perrier est très-pure et très-salubre ; que même, dans quelques circonstances, ses qualités sensibles, telles que sa saveur, sa limpidité, doivent l’emporter sur celle de la Seine, en raison du mouvement qui l’agite el des réservoirs dans lesquels elle reste exi ji :t,ii t de l’air quelque temps avant sa distribution ; que les reproches qu’on lui a faits iveur ferrugineuse, son goût de feu, etc., nullement fondes, et que les avantages qu’elle procure méritent à MM. Perrier la reconnaissance de tous les citoyens.

Conforme à l’original continu dans les registres de la compagnie , An Loui re, h 31 août 1784. Vicq-d’Azyr, secrétaire perpétuel.

LETTRE XXXV.

AUX AUTEURS DU JOURNAL DE PARIS.

Paris, 2 mars 1785.

d’affaires plus sérieuses, messieurs, c’est à vous seuls que je me plains de vous pour la sortie violente à laquelle vous avez donué cours contre ce pauvre Figaro.

Est-il avéré, messieurs, que votre privilége d’imprimer s’étende jusqu’au droit de fatiguer les citoyens des grossièretés anon mes que tout homme aigri par un succès voudra leur adresser dans vos feuilles ? Cela vous i l -i peu permis, que vous seriez à peine excusables quand on ous l’aurait ordonné. Et pourquoi cette humeur d’un ecclésiastique .’ parce qu’une pièi e qui l’afflige continue de plaire au public !

IÎ- quoi ’ M.iilian, d’un prêtre est-ce la le langage ? Il y a longtemps qu’on l’a ilii : Sitôt que les gens i ;e môlenl de juger ceux d’un autre, on ne voit qu inepties imprimées.

ii z-vous, messieurs, qu’il est écrit : Rachetez par l’aumône et vos péchés et vos sottises, Si l’auteur eût mis vos bêtises, et que chacun fil iir, ne voilà-t-il pas encore un i tique ruiné ? Vous-mêmes aujourd’hui, mess ne devriez-vous pas quelque petite aumi pauvres mères qui noun issenl .’

Quant à l’anecdote ingénieuse d’un porteur de chaise en colère et d’un chien nommé Figaro, ne sait-on pas qu’on abuse de tout ? Nous avi connu le feu marquis de Li qui, ayant deux vilain- choupilles, appelait savamment le chien Thisbê, et la chienne Pyrame. Cria empêche ; il [Ui deux noms ne soient demeurés très-jolis’.' Celui du grand César est-il moins honoré parce qu’un sot en affubla son Laridon ? El chercher l’exemple hors du sujet, est-il un nom chez nous dont on abuse autant que de celui à’abbé ? L’honneur de le porter était autrefois décerné à nos seuls prêtres dignitaires ; il se donne indifféremment à ci très plus qu’équivoques sur I squels on entend partout : Faites donc taire ce sot abbé ; chassez donc ce vilain abbé ; qui diable a prostitué des presses à cet impertinent d’abbé ! Enfin, ce nom descend aujourd’hui depuis le noble abbé mitre, possesseur de fortes jusqu’à ces abbés a crosser qui calomnienl dans quelques feuilles. L’abjection connue des derniers empêche-t-elle d’honorer ce nom, toujours respecté dans les autres ? Donc le raisonnement sur le chien n’est qu’un chien de raisonnement. Cependant l’abbé qui m’écrit n’attendit pas longtemps ma réponse à sa diatribe ; i d’avance imprimée dans la préface du Mariage, que i on doit publier dans peu : mais, sous quoique habit qu’il la lise, on le reconnaîtra partout au plaisir qu’il en montrera.

Pourtant, messieurs, quel est voire objet en publiant de telles sottises ? Quand j’ai dû vaincre lions et tigres pour faire jouer une comédie, pensez-vous, après son succès, me réduire, ainsi qu’une servante hollandaise, à battre l’osier tous les matins sur l’insecte vil de la nuit ? Je ne répondrai plus à rien qui ne soit signé de quelqu’un ; rien surtout sur la petite Figaro, qui ne soit couvert d’une aumône. Il convient bien à un soi-disant prêtre de critiquer ma charité, quand il ne la fait pas lui-même ? il est com leà certaines gens qu’on ne se vante pas des bienfaits : cela exempte souvent de donner ; et la main gauche est aisément discrète, quand la main droite n’a rien à divulguer. Mes trois louis, envoyés sans mystère, en ont valu près de vingt à une pauvre mon’ nourrice, sans même y comprendre l écu du frère aîné de votre abbé ; voilà de quoi je me vante avec joie. Qu’ils en envoient chacun autant et qu’ils se nomment ; ils auront un moindre mérite, mais au moins le don sera sûr. s’il riait permis à quelqu’un de se vanter du bien qu’il fait, c’esl peul être à celui à qui l’on