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qui doivent se répandre dans Paris, comme on serait obligé de le faire si l’on y amenait les eaux de l’Yvette. Les conduites alors doivent avoir un plus grand diamètre, et sont beaucoup plus dispendieuses. Si le niveau en est trop élevé, il exige une résistance plus grande dans les conduites de fer ou de bois ; si au contraire il ne l'est pas assez, il laisse des quartiers sans eau.

Les machines à feu pouvant s’établir partout, comme on l'a dit, chacune élève l’eau à la hauteur nécessaire pour fournir les quartiers qu’elle doit approvisionner ; et chacune a ses conduites proportionnées, par leur diamètre, à la quantité d'eau qu’elles doivent fournir, et, par leur épaisseur, à l’effort qu’elles ont à soutenir.

3o L'établissement des machines à feu, employant pour son exécution un capital a ?-<z modique, offre peu de risques aux actionnaires ; les autres dépensi -.qui sont annuelles, sont toujours, à très-peu de chose près, dans la proportion des recettes. La machine de Chaillot a marché, la première année, six heures tous les quinze jours : la deuxième année, douze heures seulement par semaine, etc. : enfin les deux marcheront | veut et plus longtemps, à mesure que le débit ’i' 1 l’eau augmentera ; et la dépense du combustible toujours cette progression. Le seul danger que la compagnie aurait couru, si elle eût été abandonner l’entreprise, était donc une perte de cinq à six cent mille livres ; car les lerrains, les tuyaux, les matériaux, ont toujours une valeur ; et, sans l’aperçu d’un succès certain dès la première année de la distribution de l’eau, la compagnie n’aurait point placé le nombre des conduites qui existent à présent. En exposant cette légère somme île cinq a six cent mille jlivt a donc tenté une entreprise qui lui rapportera plus de trois millions de revenu.

Une compagnie qui entreprendrait d’amener l’Yvette à Paris s’exposerait bien davantage : elle aurait à payer, pendant beaucoup d’années, des travaux considérables ; et, après une attente bien longue, un capital immense dépensé, elle pourrait trouver de la répugnance dans le public pour les eaux de cette petite rivière, qui sont véritablement, et d’après les rapports des chimistes publiés par M. de Parcieux lui-même, moins bonnes que les eaux de la Seine, et chargées d’une vase très-fine tirée du propre fond du terrain, dont il est impossible de les dégager entièrement par la filtration. Alors tous les fonds seraient perdus.

4o Les réparations d’une machine à feu sont peu de chose, si elle est soignée, comme cela ne manque jamais d’arriver à toute machine qui remplit un service journalier. La précaution peu dispendieuse d’avoir une machine de relais pour parer à tous les accidents assure pour toujours un service exact et sans interruption. Peut-on raisonnablement espérer la même sûreté d’un aqueduc de dix-sept mille toises ? Si les réparations sont moins fréquentes, lorsqu’elles deviennent nécessaires elles | :uvenl suspendre pendant plusieurs mois le service : et qu’on imagine ce que deviendrailt Paris, si, privé tout à coup de quatoi ■ i d’eau, i ! fallait créer tous les porteurs d’eau nécessaires pour aller chercher à la rivière toute l’eau que le public consomme ! Les gelées ne peuvent-elles pas, sinon arrêter totalement le cours de l’aqueduc, au moins en diminuer considérablement le produit ?

Entre ces établissements aussi nationaux l’un que l’autre, mise de fonds, capitaux, intéi i ques, travaux, produits, entretiens, renouvellements, qualité d’eau, tout est à l’avantage des machines à feu. Mais n’est-ce pas une déris l’auteur nommerait jonglerie, de porter l’apparence des frayeurs, comme le fait M. de Mirabeau, jusqu’à paraître redouter que la consommation de nos machines fasse augmenter le prix courant du charbon dans la France, qui en est une grande minière ?

Ô divine éloquence ! est-ce là ton emploi ?

oit-on que, pour prouver uniquement ■.étions sont chères, on ait employé tant de verve à dénigrer la coni] i ède à garantir de ses prétendus piéges les diverses administrations qui pourraient traiti r avec .lie, ■ an ■■ I de sej I lieues .1 de dix milexisti les i ervoirs toujours

ins Paris, qui n’ont pas coûté le cinquième’.' enfin qu’on ait été jusqu’à gourmand ; vernement d’en avoir permis l’entreprise ? Ô divine éloquence ! est-ce là ion emploi ’ Nous avouons aussi que, malgré nos efforts, nous n’avons pas saisi page 41) « nenl anfaibh dividend est une jonglerie manifeste ; ni quel rapport existe entre des associés réglant leur sort commun, et le propriétaire d’une maison non bâtie qui demanda i ait ’<■ < I ■’•,’ rs " son architt ctt .

Ce qui étonne notre esprit dans cette comparaison subtile, c’est l’analogie que l’on trouve entre ce que la compagnie fait avec elle et sur elle-même et les intérêts différents d’un propriétaire et de son architecte. La compagnie nous paraissant être à la compagnie ce que nul homme n’est à son architecte, identiquement, collectivement le même être, et n’ayant qu’un même intérêt, nous croyons bonnement qu’elle a pu, d’elle à elle, sans jonglerie ni tromperie, changer l'intérêt de cinq pour cent qu’elle s’attribuait dans l’avenir sur ses dépenses consommées, en un dividende réel ; moindre, il est vrai, que l’intérêt, mais analogue à ses profits naissants.

Elle a tellement pu, selon nous, former ce dividende, que si, ne voulant pas alors étendre ses travaux, augmenter ses dépenses, elle se fût con-