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que le fourneau le plus dispendieux dépense à peine, en combustible, une livre trois sous quatre deniers pour élever la quantité d’eau que l’on nous paye cinquante francs.

Suivant partout le même procédé, nous rendrons à la compagnie les autres revenus que le dur auteur lui retranche, et qui sont si justement dus à ses travaux et à son courage. Nous prions ici nos lecteurs de redoubler d’attention.

Par un relevé très-exact du nombre des maisons actuellement abonnées avec la compagnie, et de la quantité de muids d’eau qu’elles prennent entre elles (ceci n’est point un aperçu), nous trouvons que chaque maison, mesure commune, a déjà pris, pour sa consommation, trois muids et demi d’eau par jour. On ne comprend point dans ce calcul plus de quarante mille voies d’eau distribuées chaque jour aux fontaines de la compagnie, ce qu’elle fournit aux places de fiacres, l’eau consacrée aux arrosages, celle des bouches destinées au lavage des rues, etc., etc.

Observons en passant que le produit de cinq fontaines, à quarante mille voies par jour, est déjà bien loin du calcul insidieux de quatre-vingt-sept fontaines de l’auteur (page 25) nécessaires, dit-il, pour distribuer deux cent cinquante mille voies par jour. Si cinq fontaines livrent déjà plus de quarante mille voies par jour, vingt et une suffiront pour deux cent cinquante mille ; et leur dépense, comme leur nombre, exagérée à deux millions six cent mille livres, se trouvera réduite à moins de cinq cent mille francs. Tous les calculs, dans cet écrit, sont de cette justesse admirable. Supposant donc avec l’auteur que vingt mille maisons prissent de l’eau, ce qui s’écarte peu des probabilités, à trois muids et demi par maison, ou soixante-dix mille muids par jour, cela ferait à la compagnie un revenu de trois millions cinq cent mille livres. Cette évaluation n’est pas forcée ; le relevé de tous nos abonnements vient d’en donner la preuve sans réplique. D’ailleurs on sait que les maisons de Londres, quoique infiniment plus petites, en usent beaucoup davantage : on y lave, il est vrai, les maisons ; mais qui peut assurer qu’on ne les lavera pas à Paris lorsqu’on y aura l’eau abondamment et à bas prix ? Donc trois .millions CINQ eEXT MILLE LIVRES DE RENTE. Et s’il est juste de confondre dans ce produit annuel celui des fontaines publiques, qui dans ce cas en fait partie, on doit en outre y ajouter celui des arrosages, des bouches d’eau pour le nettoiement des rues et des égouts : cependant nous les élaguons, vu la modicité des profits que la compagnie se propose en remplissant ces objets d’utilité publique ; donc, TROIS MILLIONS CINQ CENT MILLE LIVRES DE RENTE. En comprenant le bénéfice qu’un tour de force peu digne d’éloge vient d’ajouter au prix de nos actions déposées au trésor de Sa Majesté, les fonds faits par la compagnie montent à six millions six cent quatre-vingt mille livres, suri Ilion est déjà destiné à faire l’avance des frais des conduites de bois ; et l’on ne doit pas omettre ici i ïe d’un administrateur qui a porté, dans l’assemblée dernière, ces actions déposées au prix de trois mille six cent trente livres, en offrant de les prendre toutes. On sent bien qu’un tel procédé n’a pu manquer de mettre en fureur les malheureux joueurs à la baisse, surtout quand ils ont vu la compagnie décerner à M. de Saint-James, son auteur, l’honneur de voir porter son nom à l’une des fontaines du peuple que nous poserons dans les Halles.

Suivons en un seul point les données de l’auteur qui s’accordent à peu près avec celles de la compagnie : nous comptons avec lui cent mille six cents mais trois mille toises au plus,

dans quelques rues très-larges, exigeront qu’on pose des tuyaux en doubles lignes ; et nous demandons pardon à l’auteur si, l’abandonnant quelquefois dans ses calculs exagérés, nous n’augmei ligne simple de nos tuyaux que de trois mille et non de < comme il lui plaît de les porter, lui, l’ennemi des aperçus, ce qui nous fail en tout cent trois mille six cents toises de tuyaux, à trente livres 3,108,0001.

Ajoutons quarante mille toises d’embranchement de plomb, en prenant le diamètre moyen de ces tuyaux à dix lignes, à raison de neuf livres quinze sous la toise, et vingt mille ajoutoirs

,638,

Déduisant sur celte 1 , dépense les fonds déjà faits et destinés à celte partie 1,000,000

Il reste à trouver 2,638,000

Ajoutez à ceci les fonds faits par la compagnie 6,6 0,0

Total des fonds nécessaires.

, 38 CGC]

Sans les motifs cruels qui ont dirigé la plume de l’auteur, lequel a pourtant sous les yeux 1 pectus, il aurait vu que Iacompagnieree-.il par chaque muid d’abonnement, outre le prix annui ! de l’eau, comme nous l’avons dit plus haut, une somme de cinquante livres une fois payée, qui l’indemnise en partie des frais de la p tuyaux de bois qui passent devant la maison des abonnés. Soixante-dix mille muids, à cinquante livres, font trois millions cinq cent mille livres. Ainsi la dépense des tuyaux de bois est presque entièrement couverte, et les fonds à faire par la compagnie se trouveront réduits, par ce remboursement successif, à cinq millions huit cent trente-huit mille livres.

Donc les six millions six cent quatre-vingt mille