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D’après la lecture d’un tel acte, auquel tous les autres ressemblent, on pourra bien être étonné que je n’aie jamais pu tirer un denier de toutes ces troupes, ni moi ni aucuns auteurs, avec mes actes notariés, malgré que j’eusse exprès consacré ces produits aux pauvres de ces grandes villes, espérant que ce bon emploi ferait des défenseurs actifs à la cause des gens de lettres ; mais il n’est pas moins vrai que la pièce imprimée par moi, pour que ces directeurs la fissent représenter en me payant mes honoraires, m’a été de nouveau volée, et que c’est à ce titre seul qu’elle est jouée partout en France. Tels sont les droits des directeurs sur le Mariage de Figaro.

Il n’en est pas moins vrai aussi que j’ai réclamé hautement contre un abus si manifeste, tant pour les auteurs que pour moi. On ne peut donc point m’opposer le défaut de réclamation, et s’en faire un titre aujourd’hui pour continuer à nous dépouiller tous.

Mais à quoi pouvaient nous servir ces réclamations personnelles contre les directeurs de troupes, quand le gouvernement lui-même ne pouvait s’en faire obéir ? Témoin l’Honnête Criminel, dont la cour défendit la représentation, et qui fut joué dans toutes les provinces, quoique le ministre la Vrillière eût ordonné expressément à nosseigneurs les intendants de s’opposer aux représentations.

Qu’arriva-t-il de tout cela ? que le gouvernement ne fut obéi nulle part ; que l’auteur fut volé partout : et que les directeurs s’enrichirent, en se moquant impunément des lois, du propriétaire et du ministre : ce qu’on voit encore aujourd’hui ; car, malgré la constitution et deux décrets consécutifs qui assurent nos propriétés, nos droits et nos réclamations sont nuls : c’est la cause que nous plaidons.

Dans ce même temps à peu près, messieurs les directeurs de Lyon, forcés par les citoyens de leur



devoir rester en entier aux directeurs en compensation des frais journaliers du spectacle.

VI. Que si, pendant le premiers succès d’un nouvel ouvrage à Paris, les directeurs ou actionnaires l’auteur le manu —<

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l’impressi le s i pièce, ce rrl.ua m. s et directeurs de faire

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i IX. MM. les auteurs dramatique soûl d’aci I et conviennent ’!’"■ les un s condi s auront lieu a leur égard pour toutes les veautés de leur portefeuille qui n’auri a pas été jouées à Paris, doiil lis directeurs ri actionnaires de Marseille, désirant la primeur, seraient d’aï a sur ce point avec les auteurs < !’■ l’ouvrag di iiré C’est s. que le toul a été venu el ai rcté entre les parties, •■ s n s il qualités, qui, pour l’exécution des présentes, font le li’’I icile in teui s demeure i:tisdites.

« Fait et passé à Paris, l’an 1784, le 25 juin ; et le 21 septembre 1784, expédition de l’acte ci-dessus, passé chez Me Momet, notaire, a été délivrée par Me Dufouleur, son successeur, etc. »


ville de contribuer aux charités publiques, pour son noble établissement en faveur des mères qui Hum i issent, et dont j’avais été le très heureux instigateur en en donnant partout l’idée, ri en envoyant, on diverses loi-, mille pistoles pour les joindre aux aumônes des généreux citoyens de Lyon, les directeurs de cette ville me demandèrent si je voulais qu’on jouát au profit des pauvres mères le Mariage de Figaro, qui n’était encore imprimé ni par moi, ni par ceux qui me le dérobèrent aux représentations, oui, répondis-je:à condition qu’après la séance des pauvres vous ne jouerez jamais cette pièce, ni d’autres, qu’en payant aux auteurs vivants la rétribution de Paris, suivant un acte notarié pareil à celui de Marseille ; et moi, pour vous y engager, je donne aux pauvres mères ce qui m’appartient comme auteur.

Qu’ont fait les directeurs de Lyon ? ne voulant point accepter cette condition, à laquelle les mères ou leurs vertueux protecteurs auraient donné une exécution rigoureuse, ils ont joué une autre pièce au profit des mères qui nourrissent ; et, pour se bien venger sur moi de ce sacrifice forcé, ils m’ont volé la pièce de Figaro, et l’ont jouée depuis ce temps-là sans rien payer ni à l’auteur, ni aux pauvres mères qui allaitent. À ce récit des faits des directeurs de Lyon j’ajouterai, messieurs, que, depuis les décrets qui nous assurent enfin la propriété de nos pièces, je me suis plaint au sieur Flachat, qui, de procureur du spectacle, a si bien fait par ses journées, qu’il en est devenu propriétaire, et le signataire des injures que tous les directeurs nous disent, Je’me plaignais à lui tr ce que l’on continuait à y jouer, sans une permission de moi, /■■ Mariage de Figaro; il m’a donné cette réponse, dont la citation curieuse est ici à l’ordre du jour:

Nous jouons votre Mariage, parce qu’il nous fournit d’excellentes recettes; et nous le jouerons malgré vous, malgré tous les décrets du monde : je ne conseille même à personne de venir nous en empêcher : il y passerait mal son temps. Nous voilà menacés du peuple !

Ce principe adopté par tous les directeurs de troupes, les évasions des tribunaux, les dénis même de justice, m’ont un jour arraché cette réflexion très-sévère : Quel mérite secret a donc la Comédie partout, pour se soustraire ainsi aux lois ? est-elle donc maîtresse universelle de ceux dont elle est la servante ? est-ce la serva padrona du royaume ? Les parlements, les nobles, ont cédé ; le clergé, tous les grands abus, se sont anéantis à la voix du législateur : la Comédie seule a trouvé d’injustes appuis de des torts dans le peuple et les tribunaux, dans les rues et dans les ruelles ! Mais les auteurs ont la confiance que l’Assemblée nationale à la fin en fera raison.

Ne se confiant pas trop aux principes dont ils se servent, les directeurs de troupes veulent vous