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les pièces en cinq actes (une somme de frais levée) doit être rigoureusement uniforme pour tous les théâtres de France ; sans cela, plus de base fixe à l’état futur des auteurs : vous suivrez, pour les autres pièces, votre proportion établie du dixième et du quatorzième sur le règlement du septième.

° La loi que vous vous laites de passer aux spectacles une somme de frais équitablement arrêtée, tient les articles ne varient point, doit être maintenue aussi : sans cela, plus de règles pour traiter avec les spectacles ; toul devient arbitraire, etles disputes recommencent.

° La méthode de simplifier les comptes de cette partie, en substituant une somme fixe de frais alloués à l’amiable aux détails fatigants d’un examen perpétuel de ces frais, est assez bonne selon moi, mais c’est lorsque le résultat d’une discussion préliminaire rentre à peu près dans la somme allouée ; sans cela les auteurs seraient justement assaillis des plaintes des spectacles qui se trouveraient traités moins favorablement que d’autres ; et c’est ce qu’on doit éviter.

° Les considérations particulières qui peuvent faire accorder des exceptions avantageuses à de certains théâtres doivent toujours être expliquées dans les conventions écrites, pour qu’elles répondent d’avance aux réclamations des spectacles qui ne se trouveraient point dans le cas d’obtenir de ces exceptions.

° Nul auteur signataire dans la libre a ociation que le bien du théâtre exige ne doit se croire eu droit d’y rien changer dans ses conventions avec les spectacles qui joueront désormais sis pièces ; autrement tout devient un combat sourd d’intrigues perpétuelles pour obtenir des préférences, et l’état des auteurs modérés et paisibles serait pire que par le passé.

° Vous devez tous vous regarder comme les défenseurs-nés des théâtres, pour arrêter I tions que les abus d’autorité voudraient leur faire supporter ; et cet article est de rigueur pour vous. Il serait bien à souhaiter, messieurs, quetoutes les questions qui s’élèveront relativement à ces principes fussent à l’avenir jugées à l’amiable par un comité de gens de lettres et de théâtre, bien choisis, où tous les contondants, auteurs et comédiens, expliqueraient les motifs de leurs prétentions réciproques, afin que ces débats, qui, portés dans les tribunaux, y sont souvent vus du côté qui prête au ridicule, cessent de mettre les hommes d’esprit ou de génie de la littérature à la merci des sots dont le monde est toujours rempli.

Appliquons maintenant au Théâtre-Français l’usage de tous ces principes.

Si l’exactitude des chiffres donnait des résultats sévères contre les comédiens français, n’en induisez pas, je vous prie, que je suis l’ennemi d’un arrangement avec eux. Personne plus que moi n’en sent la grande utilité, à laquelle je souhaiterais qu’on pût faire fléchir la rigueur même du principe. Col à vous de juger, messieurs, si vous pouvez admettre en leur faveurdes considérations particulières ; ou si, dans des dispositions qui intéressent autant vos successeurs que vous, il vous est permis d’accueillir d’autre principe de décision que celui seul de la justice.

Des comédiens se réunissent vingt-trois personnes pour partager les emplois d’un spectacle el les produits de l’entreprise, ou tous les mois ou buis les ans : soit qu’ils jouent, soit qu’ils ne jouent pas dans l’ouvrage île chaque auteur, ils partagent tous au produit , car ils sont en société.

Les hommes de lettres qui se succèdent pour fournir au jeu d’une année les représentations théâtrales sont à peu près vingt-trois aussi par an. Chacun d’eux ne partageant point quand on joue l’ouvrage d’un autre, et n’étant point en société nid succès m de recette : à la fin de l’année, au compte gênerai, il résultera seulement que, ce spectacle ayant levé ses frais, a partagé son bénéfice entre vingt-trois auteurs et vingt-trois comédiens ; mais dans une telle proportion, que les auteurs vivants, qui semblent lever entre eux tous un septième effectif sur la recette annuelle, n’en touchent réellement qu’un vingt-septième in masse, et que la proportion exacte du sort des vingt-trois comédiens à celui des vingt-trois auteurs est, pour chacun des comédiens, ’"initie vingt-sept francs " vingt sous. Cela peut paraître choquant ; eu voici la preuve évidente : Si les auteurs vivants n’offraient à jouer aux comédiens que des ouvrages en cinq actes, et qu’on en donnait un tous les jour de l’année, le toucheraient par au le septième du produit net. Mais comme le fonds existant du plus superbe répertoire d’ouvrages d’auteurs morts ne laisse d’espoir à ceux qui vivent que de voir jouer leurs u plus dt trois jows l’un, en concurrence avec les chefs-d’œuvre anciens, ils ne toucheront jamais dans la recette annuelle ’jh’uh septième dans le tiers des représentations, ou le vingt et unième "» total ; encore en supposant qu’on jouerait, dans ce temps qui leur est consacré, une pièce en cinq actes par jour.

Mais comme il est aussi prouvé qui’, sur les ouvrages nouveaux, la succession de la mi-’ 1 au théâtre est toujours établie entre une pièce en cinq actes, une en trois actes et une en deux ou un, qui oui différents honoraires, il en résulte qu’un tiers seul des ouvrages représentés offre à ses auteurs l’honoraire du septième ; puis le second tiers, le dixième ; et l’autre enfin, le quatorzième : lesquels tous pris ensemble n’offrent <jii’iiu neuvième effectif , qui n’a lieu, ainsi qu’on l’a vu, que pour un seul tiers de l’année.

Donc la part annuelle des auteurs, ne pouvant être en masse que du neuvième dans le tiers des