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teurs, est paraphé à toutes les pages et à tous les renvois, et enfin signé par M. le maréchal de Duras. Même date que dessus.

« Caron de Beaumarchais. »

Jamais étonnement ne fut égal à celui de M. le maréchal de Richelieu, quand il lut ce que j’avais écrit : « Par ma foi, me dit-il, il est absolument impossible de ne vous pas croire, et dès ce moment je ne doute plus de rien de ce que vous me direz ; mais avouez qu’il y a, je ne sais de quelle part, une infernale méchanceté dans tout ceci ! »

— Doutez encore, je vous prie, monsieur le maréchal, jusqu’à ce que l’honneur de me justifier par les faits ait effacé la honte que je sens d’en avoir eu besoin. Gardez mon écrit, daignez m’en faire délivrer seulement une expédition certifiée de vous : elle sera mon titre pour mettre au plus grand jour ma conduite modérée, celle des auteurs et leurs droits usurpés, tout ce qu’on a tente pour se maintenir dans cette usurpation, et leurs procédés pacifiques pour en obtenir la restitution. Depuis quatre ans, ils m’ont confié leurs intérêts ; aucun propos de leur part, mémoire, épigramme ou sarcasme, ne leur est échappé : ce n’est faute assurément ni de chaleur, ni de ressentiments légitimes ; mais plus ils ont été modérés et patients, plus il est juste enfm qu’une loi émanée du roi fixe le sort et l’état des auteur--, et 1rs mette à jamais à l’abri de pareilles vexations. — Je suis de votre avis, dit M., le maréchal ; et je commence à concevoir où vous avez puisé toute la chaleur de votre plaidoyer dans notre dernière assemblée : il n’est pas défendu d’avoir un peu décolère quand on esl autant outragé.

M. le maréchal me remit la copie de ma déclaration, et écrivit au bas :

Je certifier/ne lu présente copie est conforme à l’original resté entre uns mains.

Ce 12 août 1780.

Le maréchal de Richelieu.

J’ai fait part aux auteurs, mes constituants, de ce qui venait d’arriver ; ils m’ont ordonné de rendre le compte exact qu’on vient de lire, et qu’il est temps de résumer. Mais trop d’objets rassemblés ■ ■ut souvent rompu le til des idées qu’il importait lir ; il faut le renouer en peu de mots. RÉSUMÉ

Dans la première partie,

J’ai montré que trente ans d’aigreur et de querelles avaient absolument éloigné les auteurs des comédiens français ; que les premiers se plaignaient d’être trompés de plus de moitié dans le compte rendu de leur neuvième, atténué partant de frais accumulés, qu’il n’était plus même aujourd’hui le vingtième effectif de la recette. J’ai montré comment, invité par M. le maréi hal de Richelieu, en 1776, d’étudier, d’éclaircir une question qui tenait àl’examendes livres de recette et dépense du spectacle, et porteur d’une lettre de lui pour qu’on me montrât ces registres, je n’ai I btenir des comédiens une communication aussi essentielle au travail demande par leurs supérieurs.

On a vu comment j’ai attendu que le produit acquis d’une de mes pièces de théâtre me donnât le droit d’exiger un compte exact de la Comédie ; Comment je l’ai demande pendant un an, sans pouvoir l’arracher ; les moyens que je n’ai ces-é d’indiquer pour l’aire ce compte, et la continuité des subterfuges dont on a usé pour s’y soustraire. J’ai montré comment les comédiens, ne pouvant plus éloigner une assemblée qu’ils avaient demandée eux-mêmes (avec tous leurs conseil-, à la vérité très-inutiles à la signature d’un compte en règle), ont été se plaindre à M. le maréchal de Duras, leur supérieur, et l’engager à les sauver par sa médiation de leur ruine entière, qu’un méchant méditait ; ci ce méchant, c’était moi. J’ai fait voir ensuite comment M. le maréchal, mieux instruit par moi de l’état dis choses, m’a prnpo-é d’abandonner rua demande d’un compte exact, attendu qu’il pouvait jeter les comédiens dans les plus grands embarras is-à-’v is des auteurs mécontents, et m’a invité de travailler avec lui à la réforme du théâtre, dont le premier point serait l’amélioration du sort des auteurs, du neuvième atténué, au cinquième effectif de la recette. On a vu avec quel respect je me suis soumis aux vues de M. le maréchal, et comment l’affaire a tout à coup change ainsi de nature ;

Comment, d’accord avec M. le maréchal, j’ai invité tous les auteurs dramatiques à s’assembler chez moi, pour m’aider de leurs travaux dans cette utile réforme ;

Comment chacun d’eux, renonçant à tout ressentiment particulier et à toule demande personnelle, a travaille de bonne grâce à la formation d’un nouveau règlement relatif aux auteurs et aux comédiens ;

Comment MM. les maréchaux de Duras et de Richelieu ont honoré nos travaux d’observations de leur main, d’après lesquelles nous les avons réformés ;

Comment on a exigé que ces travaux fussent communiqués aux comédiens, mais détachés des motifs qui les avaient l’ail adopter, ce qui tendait à ramener des disputes éternelles ;

Comment en effet trois ans. depuis juillet 1777 jusqu’en août 1780, se sont passés en travaux perdus, en commerce de lettres oiseux, en démarches inutiles, et comment, après trois ans, fatigué de nos importunités, on nous a renvoyés à lapremière qm Mon qu’on nous a ait tant pn’i s d’abandonner, la demande d’un compte exact aux comédiens ;