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et parfaite reconnaissance avec lesquelles nous avons l’honneur d’être, etc.

« Caron de Beaumarchais.
Pour tous les auteurs dramatiques.

« M. le maréchal de Duras vous renvoie ici le premier arrêt du conseil pour l’annihiler. »

M. le maréchal de Duras crut devoir écrire à M. Amelot, de son côté, pour le prier de lui adresser une lettre au nom du roi, par laquelle S. M. défi ndait à tous les comédiens, ou autres personnes, de faire aucune observation sur l’arrêt et le règlement actuels, tels qu’ils venaient de sortir, et ordonnait qu’on eût à les exécuter à la lettre, etc.

M. le maréchal espérait par là se mettre à couvert de nouvelles criailleries de la Comédie : il se trompait.

M. Amelot envoya, le 20 mai 1780, une expédition de l’arrêt, en parchemin, à M. le maréchal de Duras, et une autre semblable à moi, pour être conservée au dépôt des auteurs. Il écrivit à M. le maréchal, au nom du roi, la lettre demandée ; et M. le maréchal ordonna sur-le-champ l’impression de l’arrêt du conseil et du règlement y annexé : j’en ai vu les dernières épreuves entre les mains de M. des Entelles.

Puis tout à coup voilà les comédiens, les comédiennes, et les avocats leurs conseils, qui accourent chez M. le maréchal de Duras, et qui, malgré la lettre du ministre et la défense qu’elle contenait au nom du roi, le tourmentent sur tous les articles de l’arrêt dans lesquels ils se prétendent lésés. M. le maréchal, outré, leur déclare qu’il n’en veut plus entendre parler, et que, s’ils ont des observations à faire, ils peuvent s’adresser, s’ils l’osent, au ministre.

Leur douleur amère portait sur ce que les pièces de théâtre, disaient-ils, ne tomberaient plus dans les règles du vivant de leurs auteurs ; et de ce qu’ils n’auraient plus la liberté de traiter à forfait, c’est-à-dire d’acheter à fort bon marché les ouvrages qu’on leur présenterait à la lecture.

On conçoit combien M. le maréchal dut être irrité de cette conduite : il me fit inviter, par M. des Entelles, d’en aller raisonner avec lui (le 27 juin). J’eus l’honneur de l’engager de toutes mes forces à écouter les observations Jes couiéJioiis, parc qu’ils ne Jisputaient apparemment que faute Je les bien entenJre, et parce que c’est en quelque sorte altérer la bonté d’un acte que d’empêcher d’autorité les gens qu’il intéresse J’en discuter la teneur et Je la bien éclaircir. J’allai même jusqu’à lui représenter que messieurs ses collègues, moins fatigués que lui, verraient peut-être avec peine les coméJiens recourir à une autre autorité que la leur.

« L’article 7, qui les blesse le plus, lui dis-je, ne contient aucune innovation, si ce n’est un sacrifice de trois cents livres par représentation que vous nous ave/ engagés de faire à la Comédie pour le bien public, et que nous avons fait. La fin de cet article rappelle uniquement l’état naturel et la loi du droit d’auteur, expliquée dans tout le cours de l’article. Mais comme je venais d’admettre, au nom Jes auteurs, une restriction de trois cents livres sur nos droits, peut-ôlrc agréable au public, certainement utile aux comédiens, mais dommageable à nous seuls, il m’avait paru nécessaire d’ajouter, pour qu’on n’abusât pas de cette restriction : sans qui pour cela l’auteur perdt son droit dt propriété, •pour toutes les fois que les comédi ns joueront sa pii ce alorsmisi au répertoire, laquelh m cessera de lui appartenir que lorsque la recette totale brute, et sans aucune déduction de frais, suivant la spécification de l’articlt ïde l’accord des auteurs dramatiques et des conit dû us, si ratombéedeux fois de suite a, etc., d’après n n règlement contre lequel je renonce à réclamer. Tel est l’article 7 : pouvait-il être plus clair, plu.- légal et plus modéré ? »

M. le maréchal et M. des Entelles en convinrent, et furent si frappés Je la clarté Je celte explication, qu’ils nie proposèrent de voir M e Gerbier chez lui, pour lui démontrer que l’article étail simple, él sans aucune innovation que le sacrifice Je trois cents livres fait Je notre part à la Comédie.

Je répondis que M e Gerbier le savait aussi bien que moi ; que par ces procédés étranges il avait certainement entendu se délivrer de moi el me fermer sa porte ; que néanmoins j’allais l’inviter à se trouver chez M. le maréchal, où je me rendrais moi-même à jour indiqué. El j’écrh i ? la lettre suivante à M Gerbier, le 30 juin 1780 : « Je ne sais, monsieur, ce que vous pensé/ de « notre aliénas ; mon avis est qu’il ne doit pas y « avoir de bavardage intermédiaire entre ce que « je dis de vous et ce que <>ii- pensez Je moi. .le « suis prêt à répéter en votre présence ce que j ai « dit tout haut : c’est qu’avoir fait un arrêt du n conseil et un règlement contraires aux principes « Je l’accord que nous terminions en commun « chez vous ; c’est que les avoir faits dans le temps - même où, de concert, nous tâchions Je rapproii cher les acteurs et les auteurs, el qu’avoir en-- voyé ce) arrêt et ce règlement au ministre en lui « faisant dire et écrire qui’ cela se taisait d’accord « avec moi, à qui l’on n’en avait rien dit, est un « procédé si étrange, que je n’ai pu m’empècher « d’en être fort blessé.

« Or, celui qui a fait le règlement et l’arrêt sans « m’en parler, n’est-ce pas vous ? Celui qui a dit à ii M. Robinet que j’en étais d’accord, n’est-ce pas n M. Jabineau, votre confrère ? Et la personne à « qui on l’a fait croire et qui l’a écrit au ministre, ci n’est-ce pas M. le maréchal de Duras ? n Dans mon premier ressentiment, j’ai répondu