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« Nous sommes avec toute l’estime et l’attachement possibles, etc. »

Je jugeai bien à cette lecture que les comédiens n’avaient plus pensé à mon affaire dès que j’avais cessé de les en presser. Aussi, pour les tenir en haleine, et mettant toute la réflexion possible à ma démarche, je leur écrivis sur-le-champ :

i Proposer quelque chose, messieurs, est au moins aller en avant : je vous en remercie. Quoique je comprenne mal pourquoi il faut tant d’appareil pour un objet aussi simple qu’un relevé de recettes, j’accepte avec plaisir la conféi rence avec vous, assistés de votre conseil. Si i. ■ i agréez, ce sera jeudi le matin ou l’aprèsdi .11 voire choix ; mais en vérité l’on pouvait parg lier col embarras, en ordonnanl tout simplement à votre comptable de faire un él de mes droits d’auteur, de le certifier et de <( me l’envoyer. Au reste, comme la forme ne fait rien pourvu qu’on s’entende, je recevrai votre pour l’heure agréée, et j’irai vous rer, où l’on m’indiquera, l’assurance de la .idération et de l’attachement avec lesquels ■ j’ai l’honneur d’être, etc. »

repris, comme on voit, ma douceur et n — anciens procédés ; el si le rendez-vous que j’ill mdais fui encore retardé, j’en reçus au moins, le 11 juin 1777, les excuses de la Comédie, en ces Monsieur,

i Pour nous conformer à ce que vous souhaitez, j’ai prévenu M. Jabineau, hier matin, de l’asemblée que vous avez fixée à jeudi ; je reçois actuellement sa réponse, par laquelle il me prévient que, MM. les avocats du conseil ayant tous des engagements pour cette semaine, il est imle les rassembler ; mais qu’ils prendront jour i ■ la semaine prochaine, et qu’il ; vou le feront savoir. Je ne puis, monsieur, que vais — témoigner combien je suis fâché de ce retard, qui vous dérangera peut-être ; mais, dès qu’ils ui’i il fixé le jour, je prendrai la liberté de vous en avertir.

• Je suis, monsieur, avec estime, votre, etc.

ci Signé Desessarts.

i, mercredi matin, li juin 1777.. Je trouvai les comédiens bien liens de croire qu’après avoir attendu plus d’un an leur commodité, j’irai ■ m offenser d’un nouveau petit retard de quelques jours : j’étais trop accoutumé à leur faire, pour perdre patience à si peu de frais. Je résolus donc d’attendre le moment qu’il leur plairait d’assigner à cette assemblée si fugitive ; el je l’attendais en effel, lorsque je reçus, le i l juin 1777. de M. le maréchal de Duras, que je n’avais pas encore eu l’honneur de voir une seule fois sur celte affaire, la lettre suivante : « Ayant appris, monsieur, que vous aviez des discussions avec les comédiens français, et désirant vivement les terminer et empêcher l’éclat que cette affaire pourrait avoir, je voudrais bien que vous voulussiez en rniilnvr avec moi. Je — crois entrer dans vos vues en cherchant les moyens qui pourront vous être agréables. Je vous prie en conséquence de vouloir bien m’indiquer le jour où nous pourrions en causer, je vous attendrai : et, si cela ne vous gêm pa ji ■■ préférerais la matinée. Je vous prie de vouloir bien me mander vos intentions, et d’être p (i des sentiments avec lesquels je suis très-parfaitement, monsieur, votre, etc.

<■ Signé le maréchal duc de Duras. »

Qu’avait-on donc fait entendre à M. le maréchal, puisqu’il désirait empêcher l’éclat que cette affaire pourrait avoir ? Je n’avais pas dit aux comédiens que je voulusse donner de l’éclat à l’affaire. Nous étions renti es dans les termes de la conciliation : il ne s'agissait que d’une assemblée pacifique ; elle était proposée de leur part, acceptée de la mienne ; et j’attendais toujours, en me prêtant à tout ce qui pouvait excuser la lenteur de la Comédie.

t u peu blessé pourtant de ce qu’au lieu de convoquer l’assemblée, les comédiens avaient été se plaindre à M. le maréchal de Duras, en invoquant sa protection contre mes mauvais desseins, je me hâtai d’adresser à M. le maréchal la réponse suivante, datée du 16 juin 1777 :

u Monsieur i e M vréchal,

« Il m’est bien doux d’avoir à plaider l'intérêt des lettres levant un des chefs de la littérature, aussi respectable qu’éclairé. Mais on vous a trompé sur l’état de la question : s’il y a loin de la discussion à la dispute, l’affaire n’est pas près d’éclater, puisque je n’en suis pas . mène’encore à discuter avec les comédiens. p Depuis u an je leur demande un compte, et je ne puis l’obtenir. Nous sommes associés, leur dis-je, en une affaire connu, a Irais el a béneliei ", communs:la livre, entre nous, est de « neuf sous; vous en prenez huit el m’en laissez i un. L’est vous qui tenez les livres, et qui par • ■ conséquent rendez les comptes. Certifiez-les s’ils « sont exacts, rectifiez les s’iis ne le sont pas. » A « les demandes si justes les comédiens se regardent, usent le temps, tergiversent, assemblent leur conseil, me font attendre une réponse plus de si mois, cessent de ji r mes pièces. « ne m’envoient auc:ompte, et finissent par t vous importuner de leur puéril embarras; mais il n’y a qu’eux au monde qu’un dilemme aussi simple puisse inellre en cervelle. « Vous vous intéressez trop, monsieur le maréchai, au progrès du plus beau des arts, pour