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dommageable aux gens de lettres ; aussi longtemps qu’elle subsiste, ils n’ont droit d’en exiger que l’exactitude. Voilà toute l’affaire en trois mots.

« Ce principe une fois posé, il reste fort peu de choses incertaines et soumises à la discussion des auteurs. Qu’ont-ils à demander en effet à la Comédie ? le nombre de représentations de l’ouvrage, qui est le fonds de la société, et le produit net de chaque séance : ce produit se compose de deux espèces de recettes, celle qui se perçoit ■ casuellement à la porte, et celle que produit fixement l’affermage annuel d’une partie des loges de la Comédie, la première recette est écrite au grand livre du receveur, jour par jour, il ne peut avoir sur cet article d’erreur imputable aux comédiens : ils perdraient, cou les auteurs h si le caissier était infidèle. On doit croire qu’ils veillent constamment.

(i La seconde recette, connue sous le i le /" tites loges, est également sans erreur, et rentre aussi dans le produit net de chaque séance au profit de la société. Ceux qui les louent et qui jouissent du travail de l’auteur et des comédiens fournissent une partie fixe et connue de la recette journalière, qui doit se partager entre les comédiens et l’auteur pendant toute la durée de l’ouvrage mis en société. ce qui n’entraîne aucune difficulté pour le compte. Il suffit de bien connaître le produit annuel de cet affermage de loges et le nombre rond des séances annuelles de la Comédie, pour extraire facilement la recette journalière de ces loges de leur location annuelle, et la porter au profil de la société anlani de lois que l’ouvrage en question a été représenté. Ce n’est là, comme vous voyez, qu’une opération très-simple d’arithmétique. Quant aux frais, ils ne me paraissent pas plus embarrassants à fixer que la recette, et doivent se partager avec la même équité. Les plus respectables de tous sont l’impôt levé sur le spectacle en faveur des pauvres : il est hors de toute conteste, car il se forme du prélèvement net d’un quart de la recette annuelle et journalière. Cette double recette une fois connue, chaque représentation fait supporter à la société le quart des deux recettes en dépense : point de difficulté. — Ou bien cet impôt se forme d’un arrangement annuel à bail et fixe, qui le modère au profit de la société : point de difficulté encore. En supposant, par exemple, que cet impôt lui annuellemenl fixé à soixante mille francs, il n’y aurait autre chose à faire qu’à recommencer l’opération expliquée ci-dessus pour les petites i Ysl-à-dire former un nombre r I de toutes les séances de la Comédie dans le cours de l’année, lesquelles, supportant en Minime l’impôt de soixante nulle livres, donneraient |a1 ile ni i impôt journalier de chaque représentation, que la société doit alors supporter au marc la livre des conditions sous lesquelles elle subsiste ; et vous sentez combien cela est simple. À l’égard des frais journaliers du spectacle, ils sont fixés par un arrêt du conseil, qui fait loi. Mais, comme il n’est pas juste que les comédiens soient plus lésés que les auteurs dans une entreprise coin le ; si les frais montent réellement plus haut que leur fixation par cet arrêt où les comédiens seuls ont été consultés, cet objet mérite un examen sérieux, et non une cote mal taillée : en pareil cas, un calcul rigoureux me paraît préférable à l’équivoque, à l’incertitude qui subsiste entre une grâce que l’auteur ne doit pas recevoir de la Comédie, et une injustice que les comédiens ne doivent pas être accusés de lui taire.

À ma façon nette d’exposer les choses, vous devez voir, messieurs, que mon intention n’est point du tout d’élever un différend entre la Comédie et moi, mais de faire tomber une bonne fois le reproche tant répété d’une prétendue lésion faite aux auteurs par les comédiens ; opinion qui ne subsiste apparemment que taule de i s’être bien entendus en terminant chaque société particulière.

ci Je vous prie donc, messieurs, de vouloir bien m’envoyer le relevé des articles ci-dessous, sur lesquels je vérifierai, à tête reposée, la justesse ou l’erreur de la somme qu’on me propose ; je vous enverrai mon calcul et son résultat à vous seuls et sans bruit, pour que vous y apposiez à votre tour vos observations, auxquelles j’aurai les mêmes égards que je vous demande pour les miennes, comme cela doit être entre honnêtes gens qui terminent un compte exact et de bonne loi.

•• Envoyez-moi donc :

.. I" Le nombre des représentations qu’a eues h Barbier de Séville ;

« 2° La recette casuelle de chaque représentation ;

ci 3 u Le prix de l’affermage annuel des petites loges ;

•< i" Le prix des abonnements annuels et personnels ;

ii.’i" Le prix de l’arrangement annuel et fixe de a l’impôt en faveur des pauvres ; — 6° La fixation des frais journaliers par le dernier arrêt du conseil ;

ii 7" L’état exact des augmentations journalières que vous croyez juste de faire entrer dans les frais supportés par la société. h si quelque objet exige confércni : ompul sation des registres, je conférerai volontiers avec les gens chargés de votre confiance, et je compulserai les registres avec eux.

» Puisse, messieurs, cette façon honnête depro-