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laissé parler tout le monde, et me tairai encore après ce peu de mots : mais, si vous hésitez à prendre un parti généreux, je vous le dis avec douleur, Français, nous n’avons plus qu’un moment à exister libres ; et le premier peuple du monde, enchaîné, deviendra la honte, le vil opprobre de ce siècle, et l’épouvante des nations !

Ô mes concitoyens ! en place de ces cris féroces qui rendent nos femmes si hideuses, voici le Salvam fac gentem que j’ai composé pour ma fille, dont la voix douce et mélodieuse calme nos douleurs tous les soirs, en récitant cette prière :

Détourne, ô Dieu, les maux extrêmes
Que sur nous l’enfer a vomis !
Préserve les Français d’eux-mêmes :
Ils ne craindront plus d’ennemis.

Ce citoyen toujours persécuté,

Caron Beaumarchais

Achevé pour mes juges, à Paris, ce 6 mars 1793, l’an second de la République.