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tion. Je l’assurai que ma position l’exigeait. Cela le rendit tâtonneur. Je m’apercevais bien qu’il servait son pays ; mais qu’avais-je à lui dire, moi qui servais le mien ?

Enfin nous terminâmes tout, moyennant les quatre actes notariés que l’on peut voir : le premier, par lequel il me reconnaît légalement propriétaire des fusils, moyennant toutes les sommes à lui payées par moi, dont la quittance finale est de la modique somme de mille vingt-six florins deux sous huit deniers pour solde ;

Le second, par lequel je m’engage de ne point faire sortir les armes de Tervère, sans lui avoir fourni le cautionnement de cinquante mille florins d’Allemagne :

Le troisième, par lequel je m’engage à lui rembourser tous les frais de magasinage et autres qui ne sont pas compris dans le payement des armes, et doivent en être arbitrés ;

Le quatrième, enfin, par lequel je promets de ne le point poursuivre personnellement pour les obstacles politiques que LL. IIII. PP. ont mis à l’extradition de mes armes.

Plus, une lettre à James Turing fils, de Tervère, avec ordre de me livrer tous les fusils qu’il a reçus, mais d’empêcher rembarquement jusqu’à remise par moi du cautionnement engagé ! Plus, une lettre à son armurier de Bruxelles, pour qu’il se transporte à Tervère à ma réquisition, y reconnaître que les fusils n’ont été vus ni touchés par personne depuis qu’il les a encaissés au mois de février dernier, et que tout est conforme à l’état qu’il en a donné.

On voit que je suis bien en règle. Mais dans ceci je ne vois pas que personne y fasse mention ni des prétentions d’un Provins que Lecointre m’a opposées, ni des arrêts que ce Provins a mis auprès du négociant Osy, pour qu’il ne livrât point ces armes à Pierre-Augustin Beaumarchais, qui est moi.

Dans tout ceci je ne vois pas non plus qu’il soit question d’aucuns débats sur ma propriété des armes, par aucun autre propriétaire qui les ait arrêtées à Tervère, comme le ministre Lebrun a dit expressément au dénonciateur Lecointre qu’il venait d’en faire à l’instant la très-heureuse découverte.

Monsieur Le brun ! monsieur Lecointre ! ces quatre actes sont imprimés. Les originaux, je les ai. Lisez-les bien, chacun dans votre esprit. Lebrun suit la marche des taupes ; on a rendu Lecointre injuriant pour moi : deux genres d’escrime où je ne suis pas fort. Voyons si la raison et la modération sont des armes d’assez bonne trempe pour faire plier celles-là !

Un mot d’explication est nécessaire ici pour lever toute obscurité sur la conduite des Hollandais.

Loin que les états puissent dire (comme le prétend M. Lebrun) qu’ils n’ont jamais empêché ces armes de sortir ; qu’il y a eu seulement des oppositions de personnes se disant propriétaires, etc., la vérité, prouvée par pièces juridiques (ma requête du 12 juin et la réponse des États-Généraux du 20 juin 1792. la vérité, dis-je, est que le seul réclamant qui se fût opposé an dépari de ces armes’•tait un sieur Buohl, ministre, agent de l’empereur, qui prétendait que son auguste maître avait encore des droits sur ces fusils, quoique M. Osy (de qui seul je les tiens) les lui eût bien payés comptant ; quoique ce même Osy, avanl de les faire enlever des citadelles de Malines et Namur ou d’Anvers, pour satisfaire aux lois rie son traité, eût fait fournir à l’empereur, par MM. Valkii i s, Gamaraches de Bruxelles, un cautionnement île cinquante mille /tarins, lequel esl libellé dans l’acte ; duquel cautionnement, qui éteint tans droits de l’empereur, je me suis fait donner, comme on l’a vu, cette attestation notariée par le même banquier Osy. ainsi que quittance finale de mes payements laits a lui par-devant le même notaire, pour répondre à M. Buohl, et plus encore à MM. Clavière el L ta un, qui feignaient d’élever des doutes non-seulement sur ma propriété, mais sur l’existence même des armes dans le port de ]’• n re.

La note de M. Buohl remise aux états de Hollande, au nom du roi de Hongrie, devient tellement importante pour reconnaître à tout jamais la vérité, le vrai motif de l’embargo des Hollandais sur nos fusils, et la véracité du ministre Lebrun, que je vais l’insérer ici.

Note de M. le baron de Buohl, chargt les affaires de I" cour île Vienne, remist l juin l~92 à LL. HH. PP. ; et le 9, par M. le greffier Fagel, à M. de Maulde, ministre plénipoti ntiairi di Franceà la Haye, quiena remis copù a M— de la Hogue h 9, lequel a répondu le 1 ?, et auquel LL. HH. PP. ont répondu le 26 juin.

« Le soussigné, chargé d’affaires de s. M. le roi apostoliquede Hongrie et de Bohème, a l’honneur de s’adresser à M. le greffier Fagel, le priant de vouloir bien portera la eau naissance de LL. HH. PP. que les armes qui se trouvent actuellement au port de Tervère en Zélande sont celles qui ont été vendues par le département de l’artillerie du roi aux Pays-Bas, a la maison Jean Osyetfils, de Botterdam, sous la condition expresse quelesdites a nues seraient transportées aux Indes, et qu’il en constaterait au gouvernement. Cette condition, bien loin d’avoir été remplie, ne pourrait qm t op faci ement être éludée, au préjudice du service de S. M., pair l’effet d’un contrat de rétrocession fait en faveur de dn i s acquéreurs.

u Le droit manifeste qui en résulte pour le roi apostolique de réclamer sa propriété 1, par le non. Il est joli le droit, quand il n’y a nulle époque fiiee dans lesdits actes, et qa’Osij a fourni une caution de cinquante mille florins ; et quand les tribunaux de e ont fait adjuger ces armes au sieur la Boy, sur la rétrocession ù’Osy ! Il est vrai juc