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Je répondis par la lettre suivante au beau billet de cuisinière, lequel m’avait transmis le nouveau délai du ministre :

A M. ti brun, minist — « Paris, Il septembre 1792.

" Monsieur,

» Chaque journée perdue rend le péril plus imminent. Je vous ai dit, monsieur, que ma têt< était en danger tant qui l’affaire ne marchi pas. Personne ne veut me croire lorsque je dis que je passe près des ministres les heures, les jours, les semaines et les mois en sollicitations inutiles. Dénoncé comme un malveillant, je vois mes amis effrayés me reprocher de rester exposé dans celle ville aux fureurs d’un peuple égal

p Pour faire avancer l’entreprise, je suis sorti de ma retraite, el nous avons perdu trois semainesà attendre.1/. di Maulde, qw l’on faisait, disiez-vous, revenir, et qui enfin m revient point. Dans les menaces qu’on me fait, je vois qu’on n’épargne personne : les scélérats s’exercent, et la surveillant me dit : Mais pourquoi ne finit-on point ? En effet, on n’y comprend rien. Je me crève inutilement : je cours les plus affreux périls ; mes sacrifices sont au comble, et l’affaire des fusils est là 1 ci Je me présenterai chez vous ce soir, à neuf heures trois quarts, comme votre billet me l’indique.

■ Recevez les respects d’un homme affligé. ■ Signt Beaumarch us. o

Je joignis à relie lettre un court traité à faire signer à MM. Si 1 1 an el Li brun, confirmatif de i elui du 18 juillet : non que je crusse qu’ils le signeraient, mais je voulais que l’effort existât de ma part.

Loin de m’introduire le soir, rumine il l’avait promis, M. L brun n’eut pas honte de me renu tire i ni ore, par la bouche du suisse, au h ndemain au soir, mercredi 12 de septembre, à huit heures. chez M. Servan, où le conseil s’assemblerait. Quoi ! dis-je avec fureur, il veul donc me faire égorger ? Après m’avoir force de quitter ma re-I fai perdre cinq jours en me repoussanl tous les soirs, contre ses paroles précises, la tin de loul est de compromettre nia vie en me rorçanl de nu montrer au milieu de mi — ennemis’ Devant aller le lendemain publiquement à l’hôtel de la Guerre, guerroyer contrt h pouvoir, el risquer le loul i’le lout, jc pris mon parti sur-le-champ. Dédaignant loule sûreté, je m’en fus en plein jour a l’audience de ce ministre. J’avais mon porti ■ feuille : je me fis annoncer. Il me parut un peu surpris.

Je n’ai pu, lui dis-jeen entrant, obtenirde voire bonté un rendez vous moins dangereux qu une au d i conseil : je viens vous demander, monsieur, jusqu’à quel point vous Irouvcz bon que j’j porte mes explications. — Moi, je n’ai rien à vous prescrire, me dit-il ; on vous entendra. » On annonça M. Clai it ri. Il entre, el je lui dis : c Puisque je dois, monsieur, traiter demain, dansle conseil, l’affaire dos fusils de Hollande, permettezmoi de vous faire une prière : c’est d’oublier nos anciens altercas. Des ressentiments particuliers doivent-ils influer sur une affaire aussi nationale ? i es ressentiments, me dit-il, sont trop anciens pour être ici de quelque chose ; mais on prétend que vous vous entendez avec votre vendeur pour que ces fusils n’arrivent pas…

Monsieur, lui dis-je en souriant, si quelqu’un y travaille, il est bien clair que ce n’est pas moi ! J’allais lire à monsieur ma dernière lettre à ce vendeur, M. Osy, de Rotterdam, et la réplique du négociant : cela répond à tout ; je vous prie de les écouter. ■>

Ici je demande pardon au correspondant hollandais, si l’un de nos débats sort de nos cabinets et de mon portefeuille. La circonstance m’y oblige ; mais c’est surtout pour instruire Lecointre que je copie la lettre tout entière.

LV. Osy et fils, de Rotterdam, ■ ! < prêsi nt à B) « a — H s.

« t’aris, le 2 auguste 1702.

« Je reçois, monsieur, une lettre de mon ami qui est à Rotterdam, par laquelle j’apprends que vous avez eu des inquiétudes que je ne vous renvoyasse, pour le léger solde des armes, à M. la Haye d< Bruxelles, ou que je ne cessasse de vous payer à son acquit. Si j’eusse eu des raisons pour changer de conduite, monsieur, la première chose que j’aurais faite eût été de vous en prévenir, en vous motivant, sans détour, ma nouvelle résolution : car c’est ainsi que les gens probes se conduisent.

« Loin de cola, monsieur, el malgré me— rm coi lentements contre la Haxji el contre vous, j’ai donné ordre à mon ami de vous solder entièrement, sans attendre même l’arrivée de M. d< la Hogue, lequel repart pour la Hollande : car il faut bien que je fasse, en hommi bless* d< l’injustice du gouvernement hollandais, ce que vous eussiez dû faire vous-même pour un h’le négociant qui s’est substitué si i<i.1 ! imenl à vous, cl qui vous couvre entièi i mi ni de vos risques, en ajoutant le cautionm nu nt auquel vous vous êtes engagé, envers feu l’empereur lé pold, a ses payements de tout genre. d Certes, monsieur, quand vous avez vendu ces armes, vous n’avez pasdû vouloir tendre un piège ., voti acquéreur, en lui rejetant sur lecorps tout le fardeau des embarras donl vous vousseriez facilement lire, si l’affaire eût continué a vous — tn personnelle, vu le crédit que je vous —ai— auprès des deux puissances autrichienne el hollandaise, qui blessent sans pri ta te, et poui si 1 1 ir l