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commentaires, qu’elles le fussent au gouvernement ! monsieur, on ne peut s’y prêter ! Et toujours une altération dans ses copies de mes copies ! Il nous transcrit ici la suite de sa lettre : et moi j’aurai l’agrément de me rendre utile au ministre : ce qui peut se TROUVER dans l’occasion. Apparemment pour faire entendre que l’occasion de se rendre utile au ministre pouvait se trouver dans le maniement des fonds de la guerre ; ce qui ressemble à quelque dévouement. Mais dans sa lettre déposée et dans mon mémoire (page 311), on lit ces propres mots de lui : Et moi j’aurai l’agrément de me rendre utile au ministre ; ce qui peut se retrouver dans l’occasion ; et c’est bien différent : car le sens de la vraie leçon est qu’en offrant de rendre au ministre un assez coupable service, il demandait pour récompense qu’on lui permît aussi d’abuser pour lui-même des fonds qui lui seraient confiés. Voilà ce que veut dire : et moi j’aurai l’agrément de me rendre utile au ministre ; ce qui peut se retrouver dans l’occasion. Et partout il se cite avec cette fidélité, sous la plume fidèle du vertueux Bergasse !

Est-ce aussi pour vous rendre utile au gouvernement que vous écrivez au sieur Daudet, de Bâle, le 13 septembre 1780, l’épître suivante, que j’avais omis de copier, mais qui devient très-importante depuis que le précepteur des enfants s’est chargé de donner un sens à vos lettres ?

« De Bâle le 13 septembre 1780.

« Il me reste encore à vous parler, mon cher m ami. de l’adjonction de la place de M. île Biercoui i trésorier de l’École militaire), dont nous i — sommes entretenus avant mon dépari de Strasbourg. Je vous dirai qui ! est bien enti n lu — que m la princesse de Monlbarrej réussit ; « la procurer, je n’en jouirai qu’autant que l’on K remplira en même temps les Mies bienfaisantes de cette princesse pour les personnes auxquelles elle — intéresse, et cela pendant le lemps que j’occuperai cette place, à l’effet m : quoi je pasu serai tels actes qu’il conviendra pour donner toute la solidité requise à l’engagement que je n tracterai ji lis qu’il est essentiel de mettre iup de i),.i : ion dans ces sortes d’opérations. Comme je me flatte que vous êtes persuadé que la mienne est à toute épreuve, vous

être assuré que l’on ne sera jamais comw

ec moi, etc.

Signé G. Kornman.

Ainsi, monsieur Bergasse, ainsi, véridique écrivain, on pouvait être compromis en servant votre ami dans ses projets utiles au gouvernement ! Je décider ce qu’on doit le plus admirer, ou la sottise du commentaire après la lecture des lettres, ou la bassesse de ces lettres après leur déplorable explication.

Lorsque j’ai dit de Kornman que tout lui semblait bon pour se procurer une caisse, q i ent-il— donc a reprendre ? ÎS’offre-t-il pa 1 obtenir, de payer les mandats du ministre le trésor militaire ? N’offre-t-il pas, pour l’obtenir, de pensionner les créatures de la princesse, s’il pouvait rendre les protecteurs aussi vils que le protégé ? Ne caresse-t-il pas, pour l’obtenir, le cher corrupteur de sa femme ? Après les prétendus scandales de Strasbourg, ne le charge-t-il pas du soin de son épouse à Bâle ? Et vous nommez cela des projets utiles au gouvernement ! Lâche époux : vil agent’■ et misérables raisonneurs ! Passons à d’autres faits : craignons surtout de nous appesantir.

En voulant excuser une autre de ses épîtres, il dit 11 : « Je suis fâché de n’avoir pas conservé les lettres du sieur Daudet, p ■ ajouter de nouveaux détails aux explications que je donne. Mais qui pouvait soupçonner qu’après sept ans une correspondance indifférente me serait représentée, et qu’on en ferait la matière d’une accusation contre moi ?

À cela voici ma réponse, et que tout lecteur malveillant la juge avec sévérité.

Le sieur Daudet doit sans doute exiger que vous représentiez ses lettres : car c’est de cela qu’il s’agit. Certainement aussi, monsieur, personne ne pouvait soupçonner qu’au bout de sept années on serait dans le cas de vous représenter les vôtres : mais, comme c’est vous seul qui faites à voti l’attaque vile et flétrissante qui donne lieu à cette inquisi m, c’est à vous seul de justifier, par les 1 tires du sieur Daudet, I ■ sens que vous prêtez aux vôtres.

Vous dites qu’il était le confident de vos plaintes sur la conduite irrégulière de votre femme avec un autre amant. Interprétation misérable ! i n ce qu vous supposez à votre femme une première intrigue avec un jeune étranger, laquelle même bien déne servirait qu’à vous confondre, qu’à établir que vous accusez I tussement le sieur Daudet de l’avoir corrompue, puisque, selon vous-même, elle l’aurait été d’avance par un autre ! Or vous saviez, dès 1781, c’est-à-dire à l’époque de ce commerce entre vous et le sieur Daudet i ; r aur til un procès avec vous, puisque vous vouliez le lui faire ; puisqu’à cette époque surtout mois fîtes enfermer votre femme à l’occasion de cet ami Daudet, et nullement à eau-,’d’un étranger. Il fallait donc garder ses lettres, et c’est à vous qu’on les demande. Mais, soit que vous les montriez ou non, les vôtres suffiront pour bien prouver votre infamie.

ii Encore une fois, dit le naïf époux —’. qu’on me juge ; et qu’on m’appr mne ; à côté d’une femme jeune, vive et inconsidérée, je pouvais me conduire avec plu le’n tu i I le prudence. » 1 Page du second libelle. 2 Ibid.