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MEMOIRES.

ue îles Juifs, au Marais, no 20,

chez M. Ilivicie, cordonnier.

« Monsieur,

« Vous m’avez défendu votre porte, et c’est la raison pour laquelle je vous écris, ne pouvant vous parler. Vous m’avez réduit à la plus affreuse misère par l’injustice que vous m’avez faite sur le vol qui a été commis chez vous, et dont vous savez bien que je suis innocent.

.. Aujourd’hui, monsieur, je suis dans le cas de vous faire le plus grand mal ; je ne vous en dis pas davantage : mais vous imm-^z m’envoyer ch je vous le dirai et vous l’expliquerai, mais il que j’y trouve un avantage. Si je n’avais suivi que les mouvements d’un juste ressentiment, fortifiés par la misère, j’aurais pu aller loin contre vous à votre insu, et <>u, vous seriez aperçu trop tard, ou peut-être jamais, du mal que je puis vous faire, ./’y aurais aussi trouvé mieux mon compte ; mais je répugne, après nous avoir servi neuf ans, à prenili, et j’aimerais mieux vous prouver dans cette occasion combien nous avez eu tort d’accabler votre ancien serviteur.

ci Sig i M

Je reconnus ici l’ouvrage de mes deux adversaires, corrompant tout autour de moi ; car cette lettre était dictée, ce n’est point là le style d’un portier. Mon premier soin fut d’envoyer la lettre à M. le lieutenant de police, en le priant de faire r cel homme par un commissaire, sur’ mal qu’il savait de moi, afin qu’il fût juridique-’. ii premier ordre qu’il reçut d’aller faire sa déclaration, il prit l’alarme et se cacha. Aussitôt !’■ fougueux Bergasse imprima qu arraché au ministre une lettre de cachet contra un pauvre homme instruit de mes forfaits. Il mentit sans pudeur au public, comme il n’a ces faire, et le public se tint pour dit que je disposais des ministres pour servir mes atrocités. Comment en aurait-il douté quand on citait un magistrat du nt, indi’in’disait on, de tant d’abus de i.i’ii crédit, qu’il était tem imer ? On connaîtra plus loin l’objet de cette intri lors, bien sûrs de Au pos ir de ce tas de valets qui leur était vendu, ils firent déposer contre moi chez maître Baudet, commissaire, ce portier et sa femme, et ses filles et son gendre ; c’est le cocher que l’on a vu plus haut arranger avec ces mesi tir la course honorable et nocturne qu’ils me ire dans ma voiture pour conduire une enfermée depuis six mois par lettre de i lil d’un amant prétendu, lequel était parti depuis Imii mois pour la Hollande’■ Et voilà les nobles témoins qu’ils mil salariés et produits ! M us quelle raj e arme donc contre vous ce i cl ci’Bergas >c ? —— C’est lu le sei ri i de l’affaire, et je ne poserai pas la plume sans mi< n dévoilé..Mais qu’il me soit permis d’oublier un moment ma cause, pour m’occuper d’un fait très-grave qui intéresse la dame ! • Quelle opinion prendriez-vous de moi ■ : Nais ce plaidoyer sans compléter la preuve promise des torts de cet époux envers sa femme, qu’il accuse ?

Eh ! dois-je abandonner celle que j’ai >au fois, parce que ri’service m’a jeté dans quelque embarras ? Le nom d’ami ne serait qu’un vain titre, si l’en n’en remplissait pas les devoirs. Souffrez, lecteur, que je revienne sur un lait important qu’ils ont couvert de calomnies pour en faire oublier la trace ; soutirez que je revienne sur les lettres écrites au sieur Daudet par le sieur Kornman en 1780. Elles m’onl engagea servir cette infortunée ; elles doivent éclairer la religion des magistrats, toucher les juges en sa faveur, et faire tomber le masque de ses persécuteurs.

NOUVELLES PREUVES DES PROJETS DU SIEUR KORNMAN SUR SA FEMME, TIRÉES TOUTES DE SES ÉCRITS.

En faisant l’historique des premiers mouvements d’intérêt que les malheurs il cette dame m’ont inspirés, j’ai dû parler des lettres du mari qui achevèrent de me déterminer.

J’ai dû prouver, en les montrant, que le sieur Kornman, ayant désiré de voir son épouse en liaison intime avec un homme qu’il appelait son cher ami, auquel il croyait un crédit propre à rétablir sa fortune, avait brusquement renversé son o iwml’i’. i i changé son projet en celui de perdre sa femme, à l’instant même où le ministre pi ili’son protecteur était tombé dans la disgrâce. J’avais cru qu’il me suffisait d’imprimer simplement ses lettres-, et comme ici le ridicule égalait au moins l’infamie, peut-être m’étais-je trop livré à cet ironique mépris, au sourire amer du dédain qu’excite une lourde bassesse. Mais, si le ton que.

’aN ; iis pris déplaisait à quelques personnes, en

moins démontré qu’un mari convaincu d’avoir écrit ces lettres à l’homme qu’il accusai ! d’avoir séduit sa femme était le plus vil des époux ?

Cette tâche remplie, je pensais qu’il ne me restait plus qu’à bien prouver mon dire très imputations qu’ils me faisaient dans Ile, lorsque cet imprudent mari, dans sa réplique à mon mémoire, s’est efforcé, sous la plume d’un autre, de donner ! " change au public, ei, !, ■ pallier sa conduite en prêtant à si ■ lettres un autre sens que celui qu’elles offrent, en m’accusa ni de le, avoir tronquées, interpolées et transposées, en les appliquant, comme il peut, à une prétendue intrigue de sa femme avec certain jeune . dont il avait pris, nous dit-il, son i veau galant pour arbitre ; ce qui est très-probable encore.

i ne n oi [ui ne veux rien laisser à désirer sur ces lettres, parce qu’elles jettent b— plu— I