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moi aucun objet de relation et de correspondance étranger à la froide protection qu’il m’accordait : moins encore aucune ombre de familiarité, dont la supposition, leur a-t-on ajouté, serait flétrissante pour M. Duverney.

(Page 10.) « Les lettres de M. Pâris Duverney sont honnêtes, mais sèches, et il n’y a pas une seule expression qui sente la familiarité, etc. »

(Page 11.) « On voit que depuis l’époque de la première recommandation en 1760, etc., il n’existe aucune trace d’aucun autre objet de relation de correspondance ; encore moins existe-t-il quelque vestige de familiarité, etc. »

(Page 13.) « Recommandé à M. Duverney, le sieur de Beaumarchais en était accueilli honnêtement, mais sans que jamais l’un ait autorisé l’autre à la moindre familiarité. ( Idem.) M. Duverney avait fait des démarches pour le sieur de Beaumarchais, etc… ; mais jamais on n’a connu d’autre objet de liaison… Cependant l’écrit du 1er  avril 1770 suppose entre eux les liaisons les plus intimes, des liaisons qui exigeaient le secret le plus impénétrable, etc… »

(Page 14, au bas.) « Elles (ces liaisons) ne peuvent trouver de confiance dans l’esprit de personne ; il est impossible d’en imaginer aucune qui ne soit démentie par l’âge, la dignité, le caractère, les vues et les occupations de M. Pâris Duverney. La supposition de ces liaisons est une fable ridicule, à laquelle il est impossible de se prêter. »

D’où l’ON conclut que M. Pâris Duverney n’a jamais eu connaissance de l’écrit du 1er  avril 1770, ni des lettres qui l’accompagnent.

Vaillamment conclu, monsieur le comte de la Blache ! puissamment raisonné, jw.liciosi subsignati ! (Vid. Molière in recept. med.) Mais, judicieux soussignés ! mais, seigneur héritier ! si par hasard votre majeure était vicieuse ; si l’on vous prouvait irrésistiblement que cette intime familiarité, que ces liaisons secrètes, et sur des objets mystérieux, n’ont jamais cessé d’exister entre les deux personnes que vous outragez gratuitement ?

Si d’un commerce de plus de six cents lettres, toujours écrites et répandues sur le même papier, qui toutes ont été brûlées, le bonheur du sieur de Beaumarchais lui en avait conservé des fragments assez clairs pour porter la conviction de cette familiarité dans tous les esprits ?

Et si ce Beaumarchais, à qui vous faites (page 57) le défi le plus imprudent de produire quelque chose de ce commerce écrit et répondu sur le


Et s’il en concluait à son tour que, puisqu’ON nie les lettres qui se rapportent à l’acte, ON doit nier aussi celles qui ne s’y rapportent pas ; que si ON nie les unes et les autres, il faut qu’ON s’inscrive en faux contre toutes : et que si ON succombe dans cette inscription de faux, il est judicieux d’attacher à ON ou des oreilles pour avoir si mal argumenté, ou un écriteau pour avoir si bien calomnié ?

Que penseriez-vous, messieurs, de son petit argument ?

Que diriez-vous alors de vos cinquante-huit pages d’injures, de vos raisonnements tortillés, de vos outrageantes imputations et de vos notions illuminées contre un acte inexpugnable que vous n’avez pu seulement effleurer ? Vous courberiez le chef, et ne diriez plus rien ! et c’est à quoi je vais vous réduire.

Pour première preuve d’une amitié bien tendre, et qui ne va pas sans une douce familiarité, je pourrais rappeler au comte de la Blache que M. Duverney, par exemple, m’a prêté dans un seul jour cinq cent mille livres pour acheter une grande charge, en quatre cent mille livres de rescriptions, et cent mille francs déposés chez Devoulges, son notaire, duquel le certificat est joint aux pièces.

Je pourrais ajouter qu’il m’a prêté cinquante-six mille livres sur ma charge de secrétaire du roi ; plus, quatre-vingt-trois mille livres de supplément pour former les cent trente-neuf mille francs de notre arrêté de compte ; plus, dans une autre occasion, pour deux cent mille livres de ses billets au porteur ; et conclure humblement qu’un homme qui prête autant d’argent à un autre, ou croit avoir de grands engagements à remplir envers lui, ou lui a voué la plus solide amitié : surtout si l’obligé n’est pas un assez grand capitaliste pour que tant de prêts soient solidement appuyés, et s’il n’y a de garant entre eux de la sûreté du prêt que la confiance de l’un en la probité de l’autre.

Mais non : je n’emploierai pas cette première preuve d’intimité ; car ON pourrait me répondre qu’ON ne voit pas la nécessité de conclure qu’un homme en aime un autre et le considère, parce qu’il lui prête, en plusieurs fois, près d’un million sans sûretés. Laissons donc de côté cet adminicule de preuve qui n’émeut pas encore le seigneur ON, et cherchons-en quelque autre à sa portée.

Mais si, pour infirmer les insinuations perpétuelles des soussignés, que le style dont M. Duverney se servait avec moi fut toujours froid, sec,


même papier, vous montrait tout à l’heure assez j . jamais obligeant, souvent même assez dédaigneux, de lettres familières et de billets mystérieux, étran— je commençais par leur montrer une réponse de gersà l’acte du 1 er avril, pour que l’analogie de la j ce grand citoyen, du 24 juin 1760, à ma lettre du forme, du style et des envois vous forçât vous— 19 juin même année, qu’ON a tronquée p. " en mêmes à convenir que cette façon de correspondre la citant, et je sais bien pourquoi ; le choix de

était constamment établie entre M. Duverney et lui ?

cette réponse, portant sur un objet cité par le