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et celle-ci restée en suspens pouvait la dégrader : aussi l’exhérédation était-elle la moindre peine que je prononçais contre le lâche ami qui m’abandonnerait en ce point ; autant qu’il était en moi, je le vouais à l’indignation publique.

Il sera suivi, ce procès ! grâces au ciel, je suis vivant, quand depuis ce moment j’ai dû deux fois être mort. Tous les jurisconsultes disent que l’arrêt sera cassé. J’en accepte l’augure avec reconnaissance ; et je sens dans mon cœur qu’il doit l’être. N’ai-je pas assez payé ma dette à l’infortune ? et n’est-il pas temps que le malheur finisse ?

Et cependant l’auteur connu de tant de maux, qui me provoque encore à prendre la plume, finit son dernier mémoire en disant, le plus dédaigneusement qu’il peut, que le seul parti qui lui convienne est de mépriser mes défenses, qu’il appelle des mauvais propos.

Tout ce qu’il vous plaira, monsieur le comte. Armez-vous d’un ton bien supérieur ! masquez bien votre avarice ! affectez le plus grand dédain ! j’y consens : bien assuré que si quelqu’un vous pardonne un jour de m’avoir méprisé, jamais personne au moins ne me méprisera pour vous avoir pardonné.

Caron de Beaumarchais.

SUITE DE LA CONSULTATION

• Considérant que le sieur de Beaumarchais, injurié, calomnié, diffamé de la manière la plus outrageante, par in, m moire rendu public à la veille du jugement, s’esl vu dans la nécessité de se justifier des inculpations graves qui lui mil été faites, et qui exigeaient une réponse énergique, et capable de déti uire l’impression que laisse toujoui la cal m :."— dans i i spril il.’ceux qui ne jugent que par le ton d’assurance ou la hardiesse des assertion ; « Que sa réponse est une défen e de droit naturel, qui ne peut jamais être interdite à un citoyen aus ment offensé ; qu’en l’examinant avec atteniton • qu’aueiui des faits qu’elle contient n’est étranger.i la question débattue ;

■ Que cette justiflcal si la plus claire el la plus forte qu’un homme attaqué dans son honneur puisse donner

l’ellei mtient un, , analyse il.— l’acte du

er avril i", u, et un historique des antécédents, tellement m sieur de Beauman h lis, qu’aucun autre que lui n eûl pu Ir, mettre dans un jour si lumineux ; ’Que.-i cette défi nsi > ■ i’i r dû gagner quelque chose à être refondue dans le tyle de M’Duparc, elli I n prévient el qui toui lie

.1 un homme offen é qui e défi nd lui-même ; i. Nous estimons qu’elle aurait dû être adoptée par le défenseur du ii.n de Bi aumarchais, pui qu M doit être onvaincu de la pureté de la c luite de lienl. i I ii ju tici de.i demande en ca sation de l’ar 1 du 6 mil 177 :  :  ; que l’adoption que M I’ aurait faite eût autant h ré la i n ibilité de l’av que la justification h re les l ières et la probité du client.

« Il est donc très-malheureux pour le sieur de Beaumarchais qu uni i

sous la forme d’un mémoire signifié i m nir lesmoyens ndu de tant

ents intérieurs du corps’1.

seils, nous nous bornons à l’inviter de moins s’occuper du ressentiment que lui causent L refu di que d’instruire ses juges el le public de la nature des obstacles qu’il ti uve à publier une justification aussi intéressante pour lui.

» Non-, estimons enfin que le sieur de Beaumarchais peut et doil produire la présente consultation, non comme pi ice à une instance au conseil du roi, mais comme l’avis d’un jurisconsulte sur la (question qui lui esl, pai le sieur de Beaumarchais, dont les malheur, lecou ante doivent intéresser tous les

honnêtes _

» Délibéré à Paris, le 12 janvier 1775. par nous avocat au parlement.

n Signé Ader. >•

COMPTE DÉFINITIF

Entre

MM. DUVERNEY ET CARON DE BEAUMARCHAIS

Nous soussignés Pâris Duverney, conseiller d’État et intendant de l'École royale militaire, et Caron de Beaumarchais, secrétaire du roi, sommes convenus et d’accord de ce qui suit :

Art . 1er . Les comptes respectifs que nous avons à régler ensemble depuis longtemps, bien examinés, débattatés, moi Duverney, je reconnais que toutes les pièces justificatives de l’emploi de divers fonds à moi, qui ont pas-.’par les mains de mondit sieur di B chais ontclaireseï bonnes Je reconnais qu’il m’a remis aujourd’hui tous les titres, papiers, comptes, reçus, missivi — relatifs à ci ■ fond ; ji quitte de tout à cet égard envers m i, à l’exception des pièces importantes sous le i 9 62, qui manquent à la liasse, et

1. Cette courte consultation, que nous laissons subsister lorsque nous supprimons toutes les autres, sert à faire connaître avec quelle activité et quel acharnement le comte de la Blache cherchait à empêcher Beaumarchais de produire ses défenses, et l'intelligence non moins active que Beaumarchais opposait aux ruses de ce comte.

Nous venons de voir ce dernier faire enlever de chez l’imprimeur, par des ordres invisibles, c'est-à-dire supposés, le mémoire de son adverse partie, et lui faire alléguer les règlements intérieurs les plus étranges, afin qu’aucun avocat au conseil ne signât un mémoire qui le foudroyait ; en sorte que Beaumarchais ne put faire paraître son mémoire qu’en l’enclavant en quelque sorte dans cette consultation d’un avocat au parlement, comme si elle en eût été le sujet ou la partie intégrante.

Mais quand Beaumarchais, muni de cette consultation, eut obtenu la cassation de l'arrêt qui lui avait fait perdre au parlement de 1771 le procès qu’il avait gagné en première instance aux requêtes de l'hôtel, et que le conseil eut renvoyé l’affaire au parlement d’Aix, le comte se hâta de s’y rendre, répandit un nouveau mémoire, et tenta de le faire signer à tous les avocats de cette ville, afin que Beaumarchais ne pût produire aucune défense, faute d'une signature.

Les avocats d’Aix devinèrent cette manœuvre, et plusieurs eurent l’honnêteté de refuser leur signature au comte, en lui disant qu’il était juste que son adverse partie, en arrivant à Aix, y pût trouver quelque défenseur.

Il arriva bientôt, et publia les deux mémoires qui vont suivre intitulés Réponse ingénue et le Tartare à la Légion. Ces deux mémoires lui firent gagner sa cause tout d’une voix.