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m’écarter aujourd’hui, de m’arrêter au passage, il m’eût conduit lui-même en ce temple : il me l’avait promis, il se l’était promis. Il vous eût dit : « Messieurs, le voilà, ce citoyen malheureux, dont le courage a fait pâlir l’iniquité jusqu’en son for, qui a hautement combattu l’injustice acharnée, et a soutenu sans faiblesse un malheur qu’il n’avait pas mérité ; le voilà : je remets sa personne et son droit à votre justice. »

Il n’est plus, messieurs, ce prince ami de la monarchie, ce soutien inébranlable de sa constitution, au panache duquel tout Français qui aimait son roi et sa patrie pouvait honorablement se rallier ! il n’est plus ; mais l’heureux temps est rites n’ont plus de contra

il n’est plus, mais sa grande âme existe

encore parmi vous, et vivifie cette auguste as-U vous tous, messieurs, qu’il honorait de sa Ire amitié, vi :, si son esprit

noble et juste soutenait jamais son sentiment

order à chacun la liberté de le combattre

ut entier aux vrais principes, il n’entendait pas même les appuyer par l’influence de son auguste état. Cette phrase noble et chevaleresque, dont chacun de vous se souvient avec attendrissement, est de lui : ■■ Ni la ri be qui vous ni le baudrier qui me ceint, ne doivent influer sur aucune opinion dans cette assem-principes seuls en forment la base et le succès ! »

prince généreux, dont le souvenir vivra toujours dans mon âme, et toujours dans celle de tout bon Français, ailleurs on vous élèvera des maui Heurs on dira de vous ce qui pourra convenir au temps, aux lieux, à l’orateur. Mais c’est dans ce temple de la justice, au milieu de ce uste, en cet uniq. — lois du

que votre éloge doit être prononcé. Heuu donnant le premier exemple, si mou ùt égalé ma sensibilité ! Mais si mon œil se trouble en le lisant, si ma voix s’affaiblit et n le prononçant, malheur à celui dont le cœur ne s’émeut pas jusqu’aux larmes au seul nom de son bienfaiteur ! il ne mérita jamais d’en rencontrer ’.

Je m aperçois que cette digression a il iemps de lia i mon plaidoyer. Je dcic finn messieurs ; je rougirais de vous taire descendre d’un tussi grand objet à mon chétif intérêt personnel : je me tais ; mais en, , n remettant quente amitié de mon défenseur, je m’en rapporte entièrement à la sagesse, de M. général et à la justice de la cour asseml lée. Tel fut ce discours.

Les lettn patent — du roi, leur enregistrement, ,. [usions très-hc du ministère public, et l’arrêt de la cour du 6 septembre 1776, qui a entériné ma requête civile et annulé le jugement qui m’avait blâmé, ont reçu le degré de publicité convenable après celle qu’en avait donnée au jugement scandaleux du 26 février 1774, et mes vœux sont remplis. L’unique objet de cette requête est d’obtenir aujourd’hui la conversion du décret d’ajournement personnel subsistant contre moi en un décret d’assigné pour être ouï. L’ordonnance criminelle de 1670 en admet de trois sortes, qui doivent se prononcer suivant la nature du délit et la qualité des personnes : en sorte que si la preuve portée par l’information est légère, ou si l’accusé est officier public, ou distingué par sa réputation et qualité, ou s’il n’y a contre lui qu’une accusation d’injure, le juge ne doit décerner un décret ni de prise de corps ni d’ajournement personnel, mais seulement d’assigné pour être ouï. Les autorités sur cette matière se trouvent dans le procès-verbal de l’ordonnance de 1670, sur l’article 3 du titre 21, page 230.

Or la plainte dirigée contre moi n’ayant jamais été qu’une accusation d’injure, fût-elle aussi fondée qu’elle est reconnue vicieuse, je n’ai pas dû être décrété d’ajournement personnel. À plus forte raison, lorsque j’ai comparu sur ce décret et subi tous les interrogatoires exigés, me crois-je en droit de supplier la cour d’ordonner la conversion de ce décret d’ajournement, et de me renvoyer dans mes fonctions.

Ce considéré, Nosseigneurs, il vous plaise, vu l’arrêt contradictoire de la cour, rendu le 6 septembre 1776, grand’chambre et tournelles assemblées, ordonner que le décret d’ajournement personnel décerné contre moi par les juges de la commission, le 10 juillet 1773, sera et demeurera converti en un décret d’assigné pour être ouï. En conséquence, me renvoyer dès à présent dans mes fonctions, aux offres que je fais de me présenter devant tel de messieurs qu’il plaira à la cour de commettre, pour subir tous interrogatoires à toutes assignations données, élisant domicile à cet effet chez Me  Alloneau, procureur en la cour, rue Barre-du-Bec : et vous ferez bien.

Signé Caron de Beaumarchais.
Me  Alloneau, procureur.

AVERTISSEMENT

DE M. DE BEAUMARCHAIS

SERVANT DE RÉPONSE AU TROISIÈME PRÉCIS DU COMTE DE LA BLACHE, DEPUIS SON GRAND MÉMOIRE

Après avoir vu le comte de la Blache délayer le mot fripon dans son encrier, en noircir outrageusement soixante-douze pages, et les publier contre moi, l’on doit être assez étonné que de ma part le mot calomniateur, fondu dans soixante-douze autres pages bien noir-