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TARARE, PROLOGUE, SCENE III. .-Î Mais que je crains mon jugement ! Nature, l’erreur d’un moment Peut rendre un siècle misérable. la NATURE, aux deux Ombres. Futurs mortels, prosternez-vous : Avec respect attendez en silence Le rang qu’avant voire naissance Vous allez recevoir de nous. [Les deux Ombres se prosternent; ei, pendant que le Génie hésite dans son choix, toutes 1rs Ombres curieuses chan- tent le chœur suivant, en les enveloppant.) CHOEUR DES OMBRES. Quittons nos jeux, accourons tous : Deux de nos frères à genoux Reçoivent l’arrêt de leur vie. LE génie du feu impose les mains ù l’une des aeux Ombres. Sois l’empereur Atar, despote de l’Asie ; Règne à ton gré dans le palais d’Ormus. (A l’autre Ombre.) Et toi, soldat, formé de parents inconnus, Gémis longtemps de notre fantaisie. LA NATURE. Vous l’avez fait soldat; mais n’allez pas plus loin: C’est Tarare. Bientôt vous serez le témoin De leur dissemblance future. [Aux deux Ombres.) Enfants, embrassez-vous : égaux parla nature, Que vous en serez loin dans la société ! De la grandeur altière à l’humble pauvreté, Cet intervalle immense est désormais le vôtre, A moins que de Brama la puissante bonté, Par un décret prémédité, Ne vous rapproche l’un de l’autre, Pour l’exemple des rois et de l’humanité. QUATRE OMBRES PRINCIPALES EN CHOEUR. bienfaisante déité, Ne souffrez pas que rien altère Notre touchante égalité ; Qu’un homme commande à son frère I TOUTES LES OMBRES EN CHOEUR. bienfaisant déité, Ne souffrez pas que rien altère Notre touchante égalité’ ; Qu’un homme commande à son frère ! (L’Ombre d’Atar seule ne chante pas, et s’éloigne avec hau- teur; le Génie du Feu In fait remarquer ù la Salure.) LA NATURE, nu Génie du Feu. C’est assez. Éteignons en eux Ce germe d’une grande idée, Faite pour des climats et des temps plus heureux. [A toutes les Ombres.) Tels qu’une vapeur élancée, Par le froid en eau condensée, Tombe et se perd dans l’Océan, Futurs mortels, rentrez dans le néant. Disparaissez. (Au Génie du Feu.) Et nous, dont l’essence profonde Dévore l’espace et le temps, Laissons en un clin d’œil écouler quarante ans, Et voyons-les agir sur la scène du monde. (La Nature et le Génie du Feu s’élèvent dans les nuages, dont la masse redescend et couvre toute la scène.) CHOEUR D’ESPRITS AÉRIENS. Gloire à l’éternelle Sagesse, Qui, créant l’immortel amour, Voulut que, par sa seule ivresse, L’être sensible obtint le jour! PERSONNAGES DE TARARE LE GÉNIE qui préside à la reproduction des êtres, ou LA NA- TURE. LE GÉNIE DU FEU qui préside au Soleil, amant de la Nature. ATAR, roi d’Ormus, homme féroce et sans frein. TARARE, soldat à son service, révéré pour ses grandes vertus. ASTASIE, femme de Tarare, épouse aussi tendre que pieuse. ARTHENÉE, grand-prêtre de Brama, mécréant dévoré d’orgueil et d’ambition. ALTAMORT, général d’armée, fils du grand-prêtre, jeune homme imprudent et fougueux. URSON, capitaine des gardes d’Atar, homme brave et plein d’hon- neur. CALPIGI, chef des eunuques, esclave européen, chanteur sorti des chapelles d’Italie, homme sensible et gai. SPINETTE, esclave européenne, femme de Calpigi, cantatrice na- politaine, intrigante et coquette. ÉLAMIR, jeune enfant des augures, naif et très-dévoué. PRÊTRE DE BRAMA. UN ESCLAVE. UN EUNUQUE. VIZIRS. ÉMIRS. rilÈTRES de la Vie, en blanc. PRÊTRES de la Mort, en noir. ESCLAVES des deux sexes du sérail. MILICE de la garde d’Atar. SOLDATS. PEUPLE nombreux. La scène est dans le" palais d’Atar; dans le temple de Brama; sur la place de la ville d’Ormus, en Asie, près du golfe Persique.