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LETTRES DE VOYAGES

première nuit sous le toit de notre ami et nous nous endormons tous, bercés par le crépitement du chêne qui éclate sous l’action des flammes.

Le lendemain, je fus brusquement réveillé par les sons stridents d’une trompette embouchée par un gaillard aux puissants poumons. Bientôt après j’entendais une voix de stentor, monotone et chantante, annoncer au public l’arrivée sur place de belles anguilles, fraîches, grosses et à bon marché.

J’accours à la croisée et je vois mon crieur public déployer un autre papier et faire part ensuite pompeusement à la population de la venue d’un marchand ambulant, qui conviait les habitants à venir profiter du bon marché de son déballage.

Je me crus transporté en plein moyen-âge au temps des crieurs public, des héraults d’armes, des hommes du guet proclamant l’heure du couvre feu.

Son boniment terminé, le crieur s’éloigne pour s’arrêter à cent pas plus loin, au coin d’une petite ruelle et recommencer son annonce.

J’appris que cette coutume existe encore dans presque toute la région du midi. Ici, le