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LETTRES DE VOYAGE

pour instruire mes élèves sourds-muets, parce que cette méthode, avec les moyens dont je dispose, me permet d’en instruire un plus grand nombre. En effet l’enseignement des sourds-muets étant pendant longtemps personnel, si j’ai 60 élèves, et que je leur consacre seulement cinq minutes à chacun, cela fait cinq heures de leçon ; et qu’est-ce que cela cinq minutes de leçon par élève ? »

D’après cette citation, l’abbé de l’Épée ne se faisait aucune illusion sur les désavantages de sa méthode, la méthode des signes ; et, s’il renonça à la méthode articulée qui permet au sourd-muet de se mettre plus facilement en rapport avec la société, ce ne fut que dans un but louable, dans le seul but de pouvoir instruire un plus grand nombre de sourds-muets.

Les successeurs de l’abbé de l’Épée se servirent exclusivement de la méthode des signes, qui fut dès lors appelée méthode française, et de la sorte la méthode articulée tomba dans l’oubli.

Heureusement qu’un homme, au cœur sympathique et généreux, et aussi modeste que distingué, vint la tirer de l’oubli en fondant au commencement de l’année 1857, à St. Hippolyte-du-Fort, un établissement protestant de