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LETTRES DE VOYAGE

jolies femmes à Tunis — et il doit y en avoir — on n’en rencontre guère dans les rues et on doit les tenir soigneusement cachées dans les harems.

Si les Tunisiens sont religieux sans être fanatiques, s’ils sont doux et bienveillants, en revanche on me dit qu’ils ont pour la plupart des mœurs assez corrompues. La loi musulmane les autorise à avoir quatre femmes. Mais, à l’exception des riches négociants, la plupart n’usent plus de cette permission. Quand aux sérails, la traite des esclaves a été abolie et il n’en existe plus.

Maintenant, quant à la description de Tunis, j’en trouve une fort curieuse qui date de 350 ans et que j’emprunte au curieux travail de Léon l’Africain qui a été traduit en vieux français par Jean Temporal (Lyon, 1536.) Ce tableau si ancien qu’il soit, est encore de la plus grande vérité et je le cite aussi à titre de curiosité littéraire :

« Thunes est appelée des Latins Tunetum et Tunis par les Arabes. Elle est pour le présent une des singulières et magnifiques cités d’Afrique. Des bourgs à l’entour d’elle, l’un est hors de la porte Beb Sunaica (Bab-es-Soiuka), qui contient environ troys cents feus. Un autre hors de la porte nommé Beb-el-Manera (Bab-ed-djezira), qui en fait mille, et tous ces deux remplis d’une