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LETTRES DE VOYAGE

remerciait Dieu, lorsqu’il avait rejoint l’omnibus de son hôtel. La voiture s’ébranle et il s’agit de traverser la ville entière pour se rendre à l’hôtel du Vésuve, situé sur les quais Santa Lucia près du Pausilippe.

Nous traversons le quartier du Marché, aux rues étroites, bordées de hautes maisons, où grouille une population misérable, vivant dans la rue, sur le seuil des portes. Dans les rues un peu larges sont installées des échoppes en plein vent, marchands de pommes de terre bouillies, de fritures, de salaisons, de poisson et de fruits où viennent s’approvisionner les habitants qui ne font presque rien cuire, chez eux. Qui n’a pas vu ces rues de Naples ne peut s’en faire une idée. C’est une scène pittoresque, pleine de mouvement et amusante à regarder, si tout cela n’était pas si sale, si misérable. Nous rencontrons un enterrement sur la route et nous apercevons à la suite du cortège, une foule de bonshommes vêtus de blanc des pieds à la tête, avec des masques blancs sur la figure, et pleurant à pleine tête la mort du défunt. Ce sont les pénitents blancs payés pour la cérémonie. Nous prenons les quais encombrés de lazzaronis et l’omnibus est entouré d’une foule de mendiants, hommes et