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À toi, chantre de Reims, où la muse française
Du sceptre des Capets a rajeuni les droits,
Et mis un fleuron neuf à la couronne où pèse
La gloire de soixante rois !

Je me disais alors (et je devais le croire)
Je me disais : « Combien gémira de douleur
Le luth harmonieux, si fidèle à leur gloire :
Qu’il sera beau dans leur malheur ! »

Ô ! que tu m’as trompé, jeune homme au cœur de flamme !
Étoile qui sitôt touches à ton déclin !
Chanteur, qui dans les plis de la vieille oriflamme
Berçais le royal orphelin !

Ainsi donc plus d’amour ! plus de ces chants fidèles
Que ta pudique enfance a consacrés à Dieu !
Séraphin, les méchants t’ont coupé les deux ailes :
Au ciel il te faut dire adieu !

Moi, dont le cœur bondit quand le monde te loue,
Je pleure en te voyant tacher ton blanc cimier,
Et souffletter la France, et traîner dans la boue
Le manteau de François premier !

Que te sert de salir les trônes qui chancellent ?
De profaner le temple où tu prias d’abord ?
Vois ! — En flots turbulents les peuples s’amoncellent
Pour forcer la digue du port !

Céleste ambassadeur près des rois de ce monde,
Le poète est chargé des intérêts d’en haut :