Page:Beauchamp - Mémoires secrets et inédits pour servir à l’histoire contemporaine, tome 2.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le général Lauriston étaient en conférence, on introduisit le général comte Platoff. Il était escorté par des soldats, et dans l’attitude d’un coupable. Le prince lui ordonna de lui remettre son épée, et l’accabla des plus vifs reproches sur sa conduite militaire. Il ajouta que, malgré sa qualité de général en chef chargé de pouvoirs illimités, il ne voulait pas le faire juger lui-même, mais qu’il allait le renvoyer à son souverain, qui ordonnerait de son sort.

Lauriston fut la dupe de cette comédie, et en rendit compte à Napoléon, qui crut dès ce moment les cosaques sans chef, et totalement désorganisés. Le comte Platoff, au lieu de se rendre à Saint-Pétersbourg, alla prendre le commandement de soixante régimens de cosaques qu’on venait de former, et quelques jours après il attaqua l’armée française.

Le prince Kutusow me demanda encore quelles étaient les ressources sur lesquelles Napoléon avait compté pour effectuer sa retraite. Je lui répondis qu’il avait l’intention