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Russie. Il comptait sur la division de l’empereur et des grands, et sur le mécontentement des paysans russes, auxquels on promettait la liberté. Mais le danger rallia tous les esprits à la cause nationale, et la conduite admirable d’Alexandre, sa fermeté, sa magnanimité, sa bonté, lui ramenèrent le cœur de tous ses sujets. Du reste on regarde comme certain qu’il avait existé des intelligences entre Napoléon et des Français établis en Russie, et même entre son cabinet et le secrétaire intime de l’empereur Alexandre, nommé Speranski, homme en qui ce prince avait la plus grande confiance. Le chef de cette espèce de trame s’appelait Milivier ; c’était un médecin français, établi à Moscou depuis vingt ans, et qui y avait fait une grande fortune. Ce Milivier avait fait plusieurs voyages de Russie en France, vraisemblablement pour se concerter avec Napoléon, et l’engager de plus en plus, par ses raisonnemens artificieux, à effectuer son expédition. Il a accompagné Napoléon pendant toute la campagne, en lui