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qu’ils purent enfin jouir de cette triste faveur, la plupart avaient succombé à l’excès de la douleur, de la fatigue ou du besoin.

La cavalerie de la garde était la seule de toute l’armée qui fût encore nombreuse et qui eût des chevaux en bon état. Dans les autres corps elle était réduite presque de moitié. Dans le corps de Murat particulièrement, les divisions, qui étaient composées dans le principe de trois régimens de mille à douze cents hommes chacun, formaient à peine, à cette époque, cinq cents hommes.

Napoléon avait fait venir à Moscou six mille blessés qui étaient restés dans les hôpitaux de Mojaïsk. Au moment de la retraite, il fut enjoint à chaque employé de l’armée, qui avait une voiture, de prendre avec lui un ou deux blessés. Tous ceux qui se trouvaient dans ce cas devaient se faire inscrire chez le général Vaublanc, sous peine d’une punition sévère. Mais cette mesure ne fut point exécutée ; et ces infortunés, abandonnés à Moscou, après le départ de l’armée, ont tous