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était resté intact. Napoléon revint s’y établir dans la journée du 20.

On trouva dans Moscou des provisions immenses qui étaient entassées dans les caves, à l’abri des ravages du feu. Ces provisions consistaient en farine, sucre, café, eau-de-vie, poisson salé et champignons, dont le peuple fait sa principale nourriture. Si ces denrées eussent été réparties entre les différentes divisions de l’armée, on eût évité la disette affreuse qui contribua d’une manière si déplorable à accélérer sa destruction. Mais la désorganisation et le pillage empêchèrent toute mesure administrative à cet égard. Plus d’une fois l’intendant-général voulut employer la force armée pour conserver des magasins précieux ; ses efforts furent inutiles, il ne put se faire obéir.

Les soldats, exténués de besoins, ne songeaient qu’à jouir du présent. Ils se livrèrent au pillage et à toutes sortes d’excès ; mais un grand nombre furent victimes de trop de précipitation. Plus de six mille périrent étouffés par les