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dence, cette cité déserte, qui bientôt ne devait plus offrir qu’un vaste amas de ruines, Napoléon attendait à l’une des portes qu’une députation vînt lui remettre les clefs de Moscou, et implorer sa protection. Cet hommage, auquel ses conquêtes l’avaient accoutumé, plaisait à son cœur ambitieux. Cette fois pourtant sa vanité fut déçue. On lui amena quelques marchands étrangers, qui lui promirent obéissance et fidélité ; mais il leur tourna le dos brusquement, et entra aussitôt dans le faubourg, où il établit provisoirement son quartier-général. Le lendemain, il prit possession du Kremlin.

Il avait été défendu aux troupes, sous les peines les plus sévères, de se livrer au pillage ; mais cette défense fut enfreinte dès la première nuit. Les officiers eux-mêmes donnèrent l’exemple de la désobéissance. Bientôt des incendies partiels éclatèrent sur divers points ; on y fit d’abord peu d’attention ; mais quand on vit qu’ils se multipliaient avec une effrayante rapidité, que déjà le Bazar,