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Ces deux graves inconvéniens se multiplièrent bientôt d’une manière effrayante ; plus tard ils devinrent une nécessité. Lorsqu’un régiment avait épuisé ses provisions, il envoyait des détachemens chercher, à des distances souvent fort éloignées, les subsistances dont les hommes et les chevaux avaient un égal besoin. Les soldats qui ne pouvaient plus suivre, poussés par la faim, se jetaient dans les campagnes, et pillaient ce qu’ils ne pouvaient emporter. Ces désordres ne firent qu’augmenter l’indiscipline, et diminuèrent l’armée notablement. Souvent le nombre des traîneurs était si considérable, qu’on était obligé d’attendre plusieurs jours qu’ils pussent rejoindre leurs corps respectifs. On exigeait des chefs de corps qu’ils tinssent constamment un état exact des hommes présens ; mais cette mesure était presque toujours sans résultat.

Ce qui contribua beaucoup à augmenter en peu de temps la pénurie des fourrages, c’est qu’il n’y avait pas un seul employé dans