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avoir conféré avec Sa Majesté, il me proposa de ne point l’abandonner. Me mettre à même d’être utile à mon bienfaiteur, c’était assurément me prendre par mon endroit sensible. Mais la tâche était cruelle ; le pauvre malade était si faible, son état si fâcheux, et accompagné sans cesse de symptômes si effrayans, que je ne pouvais pas raisonnablement me flatter de le ramener au Roi. Sa Majesté daigna le confier à mes soins, à mon amitié, et me dit à ce sujet les choses les plus touchantes, et avec des expressions que Louis XVIII savait seul et si bien employer.

Notre départ fut fixé au vendredi 25 septembre. La veille au soir, étant occupé avec M. d’Avaray à mettre ses papiers en ordre, le Roi arriva et commença par nous dire qu’il ne venait pas pour nous déranger, mais pour nous aider, et que nous n’eussions qu’à continuer. Dans un moment où M. d’Avaray avait le dos tourné, Sa Majesté me glissa furtivement dans la main une note écrite en entier de sa main, que je conserve précieuse-